L’hôpital est au bord du gouffre
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Après onze ans passés en salle de naissance dans le public, Cindy a fini par « jeter l'éponge » et quitter le milieu hospitalier. « On s'épuise, on dépasse nos gardes, avec toujours moins de personnels et un système où on oublie l'humain. Mais accompagner des femmes au travail, c'est aussi de l'écoute. Et ça, la tarification à l'activité ne le quantifie pas. J'ai deux filles, jamais je ne leur conseillerai ce métier… », regrette-elle. En novembre, la profession a organisé une série de « week-ends noirs » afin de dénoncer le déficit de reconnaissance d'un métier très féminisé et les problèmes d'effectifs. « On a du mal à recruter, on perd des collègues qui partent dans le libéral ou démissionnent, avec aussi beaucoup d'abandons d'études chez les étudiants, déplore Camille Dumortier, présidente de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF). Il y a une vision idéalisée du métier. Mais on réanime des enfants en mort apparente, on s'occupe des patientes en hémorragie… On gagne 30 000 euros par an pour cinq ans d'étude, avec 1 400 heures de plus que les dentistes. On est la profession médicale la moins bien payée… »
Écouter le témoignage de Cindy, sage-femme
Le 22 novembre, un protocole d'accord prévoyant une revalorisation de 500 euros et l'ajout d'une sixième année d'étude a été signé par trois organisations syndicales. Des avancées en trompe-l'œil qui n'ont satisfait ni la CGT ni l'ONSSF, qui appelaient à la poursuite du mouvement fin décembre et réclament pour la profession l'obtention d'un statut de praticien hospitalier. Car en réalité, les 500 euros incluent les 183 euros net du Ségur, auxquels s'ajouteront 243 euros de prime d'exercice médical et… 78 euros seulement de revalorisation de grille. « C'est un coup de com, estime Laurent Laporte, secrétaire de l'Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres et techniciens (Ufmict-CGT). Elles [les sages-femmes, ndlr] voulaient une revalorisation indiciaire, elles ont eu une prime qui n'entrera ni dans le calcul de la retraite ni dans le congé maternité. Cette profession subit une discrimination de genre. » Ces mesures ont aussi mis en colère les sages-femmes du privé qui ont été écartées de la prime. Céline Morais, sage-femme à la clinique toulousaine de La Croix du Sud et gréviste, ne décolère pas : « On gagne déjà 25 % de moins que nos collègues du public, relève cette militante, qui dénonce des conditions de travail devenues intenables. En salle de naissance, on est une sage-femme pour trois à quatre patientes. On est obligées d'imposer la médicalisation, car on ne peut pas gérer la douleur. Chaque accouchement peut connaître un problème, ça nous met une grosse pression. Face à un juge, c'est notre responsabilité médicale qui est engagée. Par rapport aux risques qu'on prend et notre niveau de compétences, notre salaire est nettement insuffisant… » Le mouvement n'est pas près de s'arrêter.
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