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SALAIRE

Mobilisation pour les salaires dans l’éducation, ainsi que dans la culture

26 janvier 2022 | Mise à jour le 26 janvier 2022
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Mobilisation pour les salaires dans l’éducation, ainsi que dans la culture

Manifestation education nationale, Paris 13 janvier 2022

Les personnels de l'éducation, de la culture et de la recherche devraient rejoindre, le 27 janvier, la mobilisation interprofessionnelle pour l'augmentation des salaires. On s'attend notamment à ce que les enseignants soient nombreux. En première ligne depuis le début de la pandémie, ils n'ont reçu ni la reconnaissance ni le soutien escomptés, et restent parmi les plus mal payés d'Europe.

« Personne ne peut ignorer le contexte social et économique, l'augmentation des produits de première nécessité, comme l'énergie et l'alimentation, et, finalement, l'augmentation globale du coût de la vie pour toutes et tous, jeunes, actifs, demandeurs d'emploi et retraités. » L'appel des organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL à une journée de mobilisation interprofessionnelle, le 27 janvier, pour réclamer des hausses de salaires, risque fort de trouver écho dans l'enseignement, la recherche, la culture, la formation professionnelle, l'associatif. Dans tous ces secteurs, les salaires et les pensions sont au ras des pâquerettes. « Gel du point d'indice pour les agents de la Fonction publique, NAO en berne dans le privé, accord au rabais dans le sport, avenant dans l'animation qui ne compense pas l'inflation… Le pouvoir d'achat devient la priorité numéro 1 », clame la FERC CGT dans son communiqué.

Les profs

« On sera naturellement mobilisés le 27 janvier. D'ailleurs pour nous, dans l'Éducation, la mobilisation a démarré depuis début janvier, pose Basile Ackermann professeur des écoles à Aulnay-sous-Bois et secrétaire général Éduc'action CGT 93. On s'est d'abord beaucoup mobilisés sur la question sanitaire, avec un protocole pas mis en place et autres scandales. Ces mobilisations ont permis d'obtenir de petites choses qu'on réclamait depuis deux ans, telles que les masques chirurgicaux et FFP2 pour les personnels. Mais les salaires restent très insuffisants. » Selon le dernier rapport chiffré de l'OCDE, publié en septembre 2021, la moyenne des revenus des enseignants français s'avère particulièrement basse : elle devance seulement les moyennes respectives de la Pologne et de la Grèce. « Cet énorme retard, conclut le syndicaliste, résulte du gel du point d'indice de la fonction publique, un gel qui nous a fait perdre environ 400 euros nets par mois. » « On fait le constat, dans la fonction publique, d'une perte de 18 % de perte de pouvoir d'achat depuis 2000, si on y ajoute l'inflation… abonde Michaël Marcilloux, co-secrétaire général d'Éduc'action CGT. On veut le rattrapage de cette perte et le dégel du point d'indice, car les enseignants subissent un véritable décrochage. Il y a 25 ans, un prof de collège gagnait une fois et demie le SMIC en début de carrière et aujourd'hui, il est tombé à 1,14 fois le SMIC. En fin de carrière, c'est pareil : il y a 25 ans, c'était 3,5 fois le SMIC, ce n'est que 2,4 fois aujourd'hui. »

Les personnels précaires

Les personnels administratifs de l'éducation, qui sont parmi les plus précaires – car catégorie C et sans éligibilité à aucune prime de rattrapage – réclament également des augmentations de salaire. Tout comme les AED (assistants d'éducation) qui étaient déjà en grève début décembre pour réclamer des embauches et de meilleurs revenus dont le droit de bénéficier des primes REP et REP +. Sans statut de la fonction publique et cumulant souvent les CDD à répétition, les AESH (accompagnant d'élèves en situation de handicap), qui plafonnent la plupart du temps autour des 25 heures par semaine, devraient également rejoindre le mouvement. « Je serai mobilisée le 27 parce qu'on est vraiment la cinquième roue du carrosse », lâche Virginie Schmitt, 44 ans, AESH depuis 7 ans au collège Crois de Metz à Toul (54) et représentante des AESH pour la CGT Éduc'action en Meurthe et Moselle. Avec son contrat de 28 heures par semaine et ses 930 euros nets par mois, elle se considère comme chanceuse, car, explique-t-elle, « les collègues sont à 24 heures par semaine et plafonnent à 800 euros. » S'ajoute à cela la dégradation des conditions de travail avec un alourdissement conséquent de la charge de travail et le fait que 90 % des AESH sont des femmes, qui élèvent souvent seules leurs enfants. À force de tirer le diable par la queue, « on recense de plus en plus de licenciements et de reconnaissances d'incapacités qui sont le résultat de burn-out, conclut la syndicaliste. C'est très inquiétant. »

La culture

Dans le secteur de la culture, le mot d'ordre est carrément triple : « salaires, emplois et droits sociaux ». « Ces dernières années, les salaires ne se sont pas calqués sur l'inflation. Les minimums des conventions collectives n'ayant pas suivi, on commence à sentir un déclassement des salariés, explique Ghislain Gauthier, secrétaire général adjoint de la fédération spectacle CGT. Il y a une perte de qualité de vie assez énorme. L'inflation, c'est quand même 6,6 points en 5 ans, ce n'est pas rien. Or, on n'a eu que quelques augmentations parcellaires, et la crise est venue s'ajouter par là-dessus. Cette année, des mouvements de NAO ont tout juste permis de rattraper des salaires qui descendaient en-dessous du SMIC, dans notre convention collective, mais il n'y a eu aucune augmentation substantielle ».
Le 27, les personnels de la production audiovisuelle devraient aussi se mobiliser ; plusieurs préavis de grève sont dans les tuyaux. Dans le spectacle vivant, la situation est plus complexe : à cause des annulations de spectacle en série, la première priorité est de pouvoir retrouver une activité normale. Le variant Omicron a bien sûr touché des équipes artistiques, mais les récentes contraintes sanitaires gouvernementales ont également pesé. « Nombre de professionnels se retrouvent avec trois mois d'activité en moins sur l'année, et ne totalisent pas les heures nécessaires au renouvellement de leurs droits à l'assurance chômage », explique le syndicaliste. Un mouvement social est en gestation au sein de ce secteur pour réclamer des mesures sociales

Revendications

Pour augmenter le pouvoir d'achat dans l'éducation, la recherche et la culture, la FERC Cgt revendique tout d'abord « une revalorisation uniforme de 400 euros nets mensuels pour tous les agents titulaires et non titulaires de l'Éducation nationale, l'augmentation du SMIC à 2000 € bruts mensuels et le dégel du point d'indice ». Ensuite, dans le privé, la fédération réclame « des négociations salariales de branches et d'entreprises portant sur les salaires réels, des augmentations régulières et la reconstruction de grilles de salaires garantis prenant en compte la qualification et l'expérience professionnelle ». Le secteur est vent debout contre la rémunération « au mérite » qu'elle considère être source d'inégalités et la porte ouverte à une logique clientéliste aux mains de l'encadrement. Enfin, tous s'accordent pour un retour à l'indexation du point d'indice sur l'inflation – comme c'était le cas jusqu'en 1982 –, afin de garantir le pouvoir d'achat.