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Libertés publiques

Quand les syndicalistes sont comparés à des terroristes, il y a danger...

20 octobre 2023 | Mise à jour le 20 octobre 2023
Par | Photo(s) : Mathieu Drean
Quand les syndicalistes sont comparés à des terroristes, il y a danger...

Manifestation devant le commissariat de Lille suite à l'arrestation de deux militants CGT

Le secrétaire général et la secrétaire administrative de la CGT du Nord ont passé plus de sept heures en garde à vue, accusés d’« apologie du terrorisme » après la parution d’un tract appelant à « la paix en Palestine ».

« Apologie du terrorisme » et « incitation à la haine ». Voilà les motifs officiels qui ont conduit à l’arrestation à leurs domiciles respectifs, ce vendredi 20 octobre vers 6 heures, de la secrétaire administrative de la CGT du Nord, pourtant sans responsabilité politique dans l’organisation, et de son secrétaire général. Emmenés au commissariat de Lille, leur garde à vue s’est achevée un peu après 13 heures. Le secrétaire général, Jean-Paul Delescaut, a ainsi vu débarquer chez lui une dizaine de policiers, dont sept cagoulés, venus avec tout le matériel nécessaire pour, au besoin, défoncer sa porte. Il a également eu droit aux menottes dans le dos.

Un tract pour la paix et une collecte pour la Palestine

Ce qu’on leur reproche ? Un tract de l’union départementale envoyé le 10 octobre, titré « La fin de l’occupation est la condition de la paix en Palestine ». Ce dernier « s'incline devant toutes les victimes civiles », réclame « la fin de l'occupation et le droit du peuple palestinien à l'autodétermination » et dénonce « les horreurs de l'occupation illégale [israélienne] ». Une phrase en particulier est pointée dans le tract de soutien diffusé le 10 octobre: « les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées ».

Les deux secrétaires ont été interrogés sur le contenu de ce tract mais aussi sur une collecte réalisée par l’UD au profit des Palestiniens. Cette dernière a notamment permis l’achat de pompes à eau et d’équipements pour des équipes de handisport. « Personne au sein de l’organisation n’a jamais voulu faire l’apologie du terrorisme ou lancer des appels à la haine », réagit Me Ioannis Kappopoulos, qui a assisté les deux secrétaires pendant leur garde à vue. Arié Alimi, avocat et membre de la LDH, a également été sollicité pour leur défense. C’est désormais le parquet qui décidera si il donne suite ou si il classe l’affaire, déclenchée en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale. Lequel oblige tout fonctionnaire qui, « dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit », à aviser le procureur de la République.

« C'est le gouvernement qui met de l’huile sur le feu »

Toute la matinée, les soutiens syndicaux – CGT en tête – et politiques se sont rassemblés devant le commissariat de Lille au milieu des drapeaux et des parapluies. La confédération CGT a publié une déclaration en début de matinée pour dénoncer « fermement cette arrestation et l'emploi de moyens totalement disproportionnés » et souligner que « soutenir pacifiquement le droit des Palestiniens ne peut pas être aussi grossièrement caricaturé et criminalisé ». « Ce n’est pas en criminalisant l’expression des voix discordantes de la vision gouvernementale que l’on fera baisser la tension, souligne la CGT. Aujourd'hui, c'est le gouvernement qui met de l’huile sur le feu en interdisant les manifestations pour la paix et en cherchant à empêcher toute expression de soutien au peuple palestinien. »

« Nous condamnons tous les meurtres, toutes les tueries. Ce sont généralement les populations civiles et les travailleurs qui les subissent », insiste Hamid Chebout, coordinateur de l’UD CGT du Nord. « Nous continuerons à soutenir l’application des résolutions de l’ONU sur la Palestine », ajoute-t-il. « La lutte continue », conclut pour sa part Jean-Paul Delescaut. Il pense notamment à la grève débutée il y a plus de trois mois et demi par les travailleuses et travailleurs sans papiers d’Emmaüs à Saint-André-lez-Lille, qui gagnent « 150 euros par mois pour 40 heures de travail par semaine ».