Mer et littoral : quelle ambition de la France ?
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La Cgt des marins et l'association de défense de la mer et des marins, Mor Glaz, sont rassurées : la société de remorquage et de sauvetage en haute mer, les Abeilles international, filiale détenue depuis 2020 par Econocom, devrait finalement être vendue à l'armateur Boluda, « leader mondial du remorquage », déjà propriétaire des Abeilles portuaires. Jusqu'au 4 mars dernier, un bruit de coursive circulait sur le possible rachat de la société par un fonds de pension. Une situation qui a déjà failli se produire en 1991. Les Abeilles, alors propriété de Progemar, avaient finalement été rachetées par le groupe des taxis parisiens, G7. Pour les élus comme pour les militants, ce modèle de rentabilité à court terme « n'était pas cohérent avec la mission des Abeilles ». À l'annonce de la vente de la société, la CGT des marins et Mor Glaz ont reproché aux différents armateurs, « des années de mauvais choix. En 1978, un jour d'affrètement était négocié 76 000 francs, contre 18 000 € en 2024, avec des remorqueurs bien plus puissants. Les contrats devraient donc être 2,5 fois plus élevés », constate Jean-Paul Hellequin, syndicaliste CGT et président de Mor Glaz.
À bord, même son de cloche. Les marins espèrent que la vente avec le groupe espagnol, aboutira. « L'arrivée de Boluda, un armateur maritime et historique, serait ce qui pourrait nous arriver de mieux », témoigne un marin qui, pour en avoir parler avec plusieurs de ses collègues, déplore le management de ces dernières années. Depuis que la société Bourbon a cédé les Abeilles à Econocom en 2020, la stratégie a été de « diversifier [les] activités au travers de l'Abeille Horizon et de renforcer [les] expertises par le lancement de l'école Abeilles International » comme le note Samira Draoua, présidente des Abeilles, dans un communiqué. Diversifier oui, mais pas au péril de l'ADN des Abeilles comme c'est le cas avec l'Abeille Horizon arrivée dans la flotte en 2022. Car les navigants craignent qu'elle se destine à l'offshore pétrolier. « Ce n'est pas la mentalité des Abeilles, regrette le marin qui souhaite rester anonyme. Notre volonté est que le projet tienne la route financièrement, pas de faire des profits. On sort du cadre, il faut rester dans ce que nous savons faire, le remorquage ». Dans un communiqué daté du 3 avril, Econocom informe, avoir finalisé et signé avec Boluda, des accords « qui restent toutefois soumis aux conditions suspensives usuelles dans ce type de transaction, avec notamment l'obtention de l'aval des autorités françaises ».
Les Abeilles ont été créées en 1864 au Havre. Leur histoire, trop longue pour être relatée de façon exhaustive, a façonné les Abeilles d'aujourd'hui. Notons toutefois que la naissance des Abeilles international, spécialisée dans le sauvetage en haute mer, arrive en 1976. Deux ans plus tard, le naufrage de l'Amoco Cadiz marque un tournant dans leur fonctionnement car les Abeilles sont depuis sous contrat avec l'État français qui affrète les remorqueurs d'intervention d'assistance et de sauvetage (Rias) 365 jours par an. À bord, les équipages de douze marins doivent se tenir prêts à intervenir dans les 40 minutes 24h/ 24h. Aujourd'hui, les Abeilles international, ce sont quatre Rias, un bateau de soutien et d'assistance affrété et donc l'Abeille Horizon. Dernier rempart en cas de pépin, les rias se doivent d'être toujours performants. D'autant plus que « les portes conteneurs qui transportaient entre 9000 et 11 000 conteneurs en 2005 en transportent désormais 24 000 », souligne Jean-Paul Hellequin. Le sénateur finistérien, Paul Philippe (LR), mentionnait d'ailleurs dans une intervention écrite du 21 décembre 2023 que « ces remorqueurs, […] ont évité depuis 1978 plusieurs catastrophes humaines et environnementales. » J.P Hellequin parle plus précisément « de 21 marées noires, soit l'équivalent de 1450 années d'affrêtements d'une Abeille Flandre ». Des Abeilles plutôt rentable finalement.
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