À trois jours du premier tour des élections législatives, ce 27 juin a été marqué par de nombreuses mobilisations. À l’initiative de la CGT, 70 rassemblements ont été organisés contre la réforme de l'assurance-chômage, contre l'extrême droite et pour le programme du Nouveau Front populaire. Dans la capitale, le soir, plus de 10 000 personnes ont répondu présentes à l’appel de médias indépendants, syndicats, associations et mouvements de citoyens et se sont rassemblées place de la République à Paris pour dire non à l’extrême droite.
Alors que
les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet arrivent à grand pas et que la campagne électorale express touche à sa fin, les militants n’ont pas dit leur dernier mot. Ce 27 juin a été marqué une journée d’actions et de grève à l’initiative de la CGT. Contre la réforme de l’assurance-chômage, tout d’abord. Ce 27 juin, le conseil d'administration de l'Unédic a décidé de revaloriser les allocations d'assurance-chômage à hauteur de 1,2 % au 1
er juillet 2024, s’alignant ainsi sur les exigences patronales. La CGT a dénoncé
« l'extrême faiblesse de cette revalorisation, insuffisante pour les personnes privées d'emploi indemnisées dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté et alors que 62% des inscrit·es à France Travail ne sont pas ou plus indemnisé·es. »
De nouvelles attaques contre les précaires
Cette décision est bien loin des revendications de la CGT, qui exigeait une revalorisation de 10 euros minimum par jour et la prise en compte de l'inflation annuelle moyenne 2023 à 4,9% ainsi que la revalorisation de tous les paramètres fixes. De son côté, la CFDT a exprimé une « déception amère ». Cette maigre revalorisation intervient alors qu’un nouveau décret attaquant les droits des personnes privées d'emploi s’apprête à être publié. Avec cette nouvelle casse de l’assurance-chômage, 300 000 travailleurs n’auront plus droit à leur indemnisation et un million de personnes privées d'emploi connaîtront une baisse importante de leurs allocations. Pour s’opposer à ces nouvelles attaques sur les droits des plus précaires, des rassemblements se sont tenus à Soissons, Guéret, Lille, Tarbes, Limoges ou encore Épinal. « Cette nouvelle réforme antisociale donne une idée assez claire de ce qu'Emmanuel Macron entend par « gouverner autrement » au lendemain des élections. Mais au-delà de la réforme en elle-même, publier un tel décret est d'une inconséquence gravissime : en se comportant tel un rouleau compresseur écrasant les plus précaires, le gouvernement nourrit le récit du Rassemblement national », dénonce la CGT Spectacle.
Pas une seule voix pour l’extrême-droite, LR et Renaissance, seules nos luttes changeront la donne, le Front Populaire, c’est nous
Les syndicats CGT de la Ville de Paris avaient appelé l’ensemble des agents de la ville à se mettre en grève, à rejoindre le cortège aux côtés des privés d'emploi et à s’opposer au Rassemblement national. « Pas une seule voix pour l’extrême-droite, LR et Renaissance, seules nos luttes changeront la donne, le Front Populaire, c’est nous », défendent les syndicats CGT de la capitale. En Seine-Saint-Denis, un autre cortège a également défilé contre l’extrême droite à l'appel de syndicats (CGT, Solidaires, FSU), d'associations et de collectifs (les Coordinations sans papiers de Montreuil et Paris, Jardins d'Aubervilliers, Locataires ensemble Aubervilliers, Ligue des droits de l'Homme 93…)
Faire barrage
À Paris, un grand événement public s’est tenu place de la République à partir de 18h. Avec un mot d’ordre : « Libertés ! » Jusqu’à tard dans la soirée, de très nombreuses prises de paroles se sont succédées sur scène pour rappeler, tout d’abord, le danger sur les libertés (d’informer, de manifester, de créer…) que représente le programme du Rassemblement national. L’ensemble des participants a par ailleurs insisté sur la nécessité d’aller voter les 30 juin et 7 juillet, quand d’autres ont mis l’accent sur le programme porté par le Nouveau Front populaire, bien que les partis politiques aient été absents de ce rassemblement. À l’origine de cette démarche, une dizaine de médias indépendants (Arrêt sur Images, Médiapart, Au Poste, Politis…), rejoints par l’ensemble des syndicats de journalistes, les centrales syndicales, des collectifs, des artistes. Environ 10 000 personnes ont répondu présentes sur la place, et l’événement, retranscrit en direct par les médias partenaires, a par ailleurs largement été suivis sur internet.
La loi immigration est passée, mais cela ne nous a pas découragé, la réforme des retraites est passée, mais cela ne nous a pas découragé. Nous, les sans-papiers, les immigrés, nous serons là
Les militants d’associations contre le racisme, les discriminations et pour les droits des personnes étrangères ont ouvert le bal : « il est vital de tout faire pour éviter le pire le 30 juin et le 7 juillet, l’idéologie raciste de l’extrême-droite et du RN est sans ambiguïté, l’extrême-droite est le rejet de l’autre » a rappelé Sacha, militant de SOS Racisme. Mariama Sidibé de la Coordination des sans-papier de Paris, a, elle, rappelé la nécessité de la lutte, au-delà des résultats des élections législatives : « la loi immigration est passée, mais cela ne nous a pas découragé, la réforme des retraites est passée, mais cela ne nous a pas découragé. Nous, les sans-papiers, les immigrés, nous serons, là, c’est ici qu’on travaille, c’est ici qu’on cotise, et c’est ici qu’on va mourir. La lutte continue ! Le 30 juin, tout le monde doit être dehors. » Un appel à la mobilisation au-delà des urnes, repris une heure plus tard environ par Sylvie Kimissa, femme de chambre et gréviste victorieuse contre l’hôtel Ibis des Batignolles à Paris : « La lutte paie ! Face à l’extrême-droite, on ne baisse pas les bras, sans nous ils ne sont rien, c’est nous qui faisons la France. Le 30 juin, tous dehors ! »
Jamais des élections n’ont été aussi importantes et jamais elles ne se sont jouées à aussi peu de voix
La prise de parole des représentants syndicaux (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, Unsa) a par ailleurs été interrompue par l’irruption de militantes du collectif identitaire Némésis. Rapidement exfiltrées, ces dernières étaient venues pour dénoncer la candidature de Raphaël Arnauld aux élections législatives, qu’elles accusent d’agressions verbales et physiques. Lors de sa prise de parole, Sophie Binet, a rappelé que « jamais des élections n’ont été aussi importantes et jamais elles ne se sont jouées à aussi peu de voix. »
Alors, que selon
la dernière enquête électorale menée par l'institut Ipsos pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof, l'Institut Montaigne, Radio France et France Télévisions, le RN conserverait aux élections législatives son score enregistré aux élections européennes (32%), la secrétaire générale de la CGT qui vient d’écrire
une lettre ouverte à celles et ceux qui ne se reconnaissent plus dans la politique, a appelé à la responsabilité :
« je le dis avec beaucoup de gravité. Ceux qui ferait primer leur petit intérêt électoraliste seront comptable devant l’Histoire. » Sur un ton plus léger, la comédienne Corinne Masiero, a égrainé les mesures du programme du Nouveau Front Populaire :
« Il y des trucs sympas : le rétablissement de l’ISF, qui est pour ? Adopté ! Le smic à 1600 euros ? Adopté ! Blocage des prix de l’énergie? Adopté ! Gratuité totale de l’école et suppression de cette merde de Parcoursup ? Adopté ! » Féministes, écologistes, militants LGBTQIA+, militants contre les violences policières, défenseurs de la cause palestinienne et de la Kanakie… Tous ont dit leurs craintes en cas d’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Rendez-vous le 30 juin.