À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
Éducation nationale

Alerte sociale contre les 4000 postes de profs supprimés

23 octobre 2024 | Mise à jour le 25 octobre 2024
Par | Photo(s) : © Nicolas Guyonnet / AFP
Alerte sociale contre les 4000 postes de profs supprimés

L'ensemble des organisations syndicales d'enseignants lançait le 14 octobre une alerte sociale, préalable au dépôt d'un préavis de grève du 4 novembre 2024 au 31 mars 2025,  suite à l'annonce de la suppression de 4000 postes de professeurs dans le cadre du projet de loi de finances 2025 (PLF).

Une « ligne rouge est franchie ». Dans une lettre adressée de façon unitaire le 14 octobre à leur ministre, Anne Genetet, les syndicats d'enseignants réclament l'annulation des suppressions de postes annoncées dans l'Education nationale dans le cadre du budget 2025. « Au moment où l'école publique va mal, la seule réponse du gouvernement est de fermer des postes et donc de maintenir l'illusion qu'on peut faire mieux avec moins », écrivent les organisations syndicales représentatives du secteur (FSU, Unsa, FO, CFDT éducation, CGT éduc'action, Snalc, Sud éducation) qui ont commencé à mobiliser en vue d'actions à compter du 4 novembre 2024.

8000 postes supprimés en sept ans

La procédure d'alerte sociale, inédite dans le cadre d'un examen budgétaire, montre l'ampleur du malaise et des inquiétudes d'une profession profondément malmenée ces dernières années par les réformes successives ainsi que par la détérioration de leurs conditions de travail. « Ce budget, c'est encore un coup de massue, estime Maud Valegeas, co-secrétaire fédérale de Sud-Education. C'est l'inverse de ce qu'il faudrait faire, on va payer ce choix politique dans les années à venir. L'école va mal, on a besoin au contraire d'une politique plus volontariste ».

Les organisations syndicales contestent l'argument démographique invoqué par le ministère – il y aura 97.000 élèves en moins dans les rangs à la rentrée 2025 – pour justifier ces nouvelles coupes dans les effectifs d'enseignants. En effet, plus de 8000 postes de professeurs ont été supprimés ces sept dernières années dans le second degré, alors même que le nombre d'élèves y était en augmentation. Avec pour conséquence une augmentation de l'encadrement moyen par classe, le nombre d'élèves par enseignant n'ayant jamais été aussi élevé dans les collèges et lycées depuis les années 80.

Les écoles rurales sacrifiées

Le premier degré, où 3155 postes doivent disparaître, sera le plus touché par cette décision budgétaire. Avec, mécaniquement, des abandons d'écoles. « C'est essentiellement des écoles rurales qui vont être touchées, souligne Isabelle Vuillet, co-secrétaire de la CGT Educ'action (voir son interview vidéo). On sait ce que ça veut dire en termes d'aménagement du territoire : quand une école ferme, c'est la mort d'un village».

Dans leur alerte, les syndicats rappellent que de nombreuses études montrent que le système éducatif français contribue à creuser les inégalités sociales au lieu de les résorber. « Ce qui nous inquiète avec cette rentrée, c'est que la question de l'inclusion scolaire et des inégalités sociales ne sont pas prises en charge, alors que c'est là-dessus que le Ministère devrait agir. Il n'est plus question non plus de revoir la carte scolaire de l'éducation prioritaire, déplore Maud Valegeas, de Sud-Education. La seule communication de la ministre consiste à dire : il faut élever le niveau… ».

Crise des vocations

Les organisations syndicales alertent, par ailleurs, sur la dégradation des conditions de travail enseignantes. « Les personnels tiennent l'école à bout de bras, ils sont épuisés et cette annonce vient bousculer ces personnels déjà fragilisés, ajoute Isabelle Vuillet, de la CGT. La profession souffre d'un manque d'attractivité, avec des places aux concours qui ne trouvent pas preneur. » Les enseignants français cumulent en effet toutes les difficultés : au niveau européen, ils comptent parmi les moins bien rémunérés, ceux qui effectuent le plus grand nombre d'heures et qui enseignent devant les classes les plus chargées. Avec à la clef, une crise des vocations qui aggrave la crise du système éducatif. Selon les estimations du SNES-FSU, qui a interrogé 893 établissements début septembre, il manquait à la rentrée au moins un professeur dans plus de la moitié des collèges et lycées.

Point de bascule

Reçues lundi 21 octobre au Ministère de l'Education nationale pour discuter de la rentrée, les organisations syndicales ont prévenu que « l'école est à un point de bascule » à la fois du fait du manque de moyens mais aussi de l'enchaînement de réformes qui ont « brutalisé » leurs métiers. La mise en place l'an dernier par Gabriel Attal du « choc des savoirs » (entre temps rebaptisé « groupe de besoins »), s'est faite en effet contre la volonté d'une grande partie du corps enseignant, très mobilisée contre cette réforme et le principe du « tri des élèves » par niveau.

Les syndicats appellent par ailleurs à l'abandon des évaluations nationales obligatoires elles aussi très contestées. La nouvelle ministre de l'Education nationale, qui a affiché son souhait d'avoir « un dialogue constant, sincère et direct », a tendu l'oreille mais n'entend pas, pour le moment, remettre en question les réformes lancées par ses prédécesseurs.