
« Struthof », la mémoire de l'enfer
Le 27 janvier marquait le 80e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie.... Lire la suite

Dans l'après-midi, l'action se déroulait devant l'usine Valeo, en proie à un plan de sauvegarde pour l'emploi (PSE). Antony Gourcerol, secrétaire du syndicat de l’entreprise de sous-traitance automobile a pris la parole, soutenu par des délégations venues de toute la France : métallurgie, chimie, énergie, mais aussi de nombreuses unions départementales. Sophie Binet leur a assuré son soutien, rappelant que « quand on lutte, on gagne ». Elle a dénoncé les délocalisations financées par l'argent public, soulignant que l'État, actionnaire de Valeo, ne peut rester passif.
Les militants se sont ensuite retrouvés au Champ de Juillet pour un meeting marqué par un moment fort : les cheminots de Limoges ont apporté au son des tambours le drapeau rouge, celui qui avait flotté sur la gare en 1968, puis en 1995 lors des mobilisations contre le plan Juppé. Déployé au pied du podium avec une vive émotion, il reste un symbole fort de l'agitation ouvrière qui anime la ville depuis la fin du XIXe siècle. Arnaud Raffier secrétaire CGT Haute-Vienne a rappelé comment la Haute-Vienne est devenue le berceau du syndicalisme français. « Les ouvriers de la porcelaine, et de l'industrie travaillaient dans des conditions dures : semaines interminables, salaires de misère, répression patronale. C'est dans ce contexte que, du 23 au 28 septembre 1895, que moins de cent militants se réunissent à Limoges pour fonder la CGT.» Il a rappelé que les femmes avaient été de toutes les luttes dès l'origine, citant les porcelainières de 1905 et leurs 108 jours de grève. Derrière les orateurs, une banderole proclame : « 130 ans que la CGT existe, l'extrême droite ne va pas nous emmerder. »
Sophie Binet a rappelé que sa journée avait commencé à Oradour-sur-Glane, symbole de la barbarie nazie. Les dirigeant·es de la CGT y ont honoré la mémoire des résistants et de la population martyrisée. La secrétaire générale a rendu hommage à Camille Senon aujourd'hui centenaire, rescapée, militante CGT et figure du lien entre Résistance et luttes ouvrières. Elle a aussi souligné le rôle des femmes dans la CGT depuis sa création. Sa prise de parole a été résolument tournée vers l'avenir. « La CGT pose cinq exigences au gouvernement pour que Monsieur Lecornu ne rejoigne pas le cimetière des premiers ministres : abandon du budget d'austérité, justice fiscale face aux milliardaires, moyens pour les services publics, abrogation de la réforme des retraites et véritable plan de réindustrialisation écologique. Nous sommes fort de 130 ans de luttes et de conquêtes. Si l'État cède, ce sera une fête ; sinon, la mobilisation continuera, déterminée et massive, pour défendre droits, salaires et dignité. » Et de poursuivre : « La peur change de camp. Jamais depuis huit ans le pouvoir n'a été aussi fragile, jamais depuis huit ans le grand patronat n'a été aussi isolé. Ils organisent des meetings pour tenter de sauvegarder les privilèges. Nous sommes en position de force.» La soirée s'est poursuivie en musique malgré la pluie. Les militants ont dansé avec DJ Régine Tonic et le groupe The Lost Communists, illustrant l'importance de la culture et de la fête dans l'identité CGT. Sur la place, l'ambiance était rouge de plaisir partagé, rouge d'enthousiasme pour les luttes à venir. Ce 130e anniversaire a confirmé des perspectives : défense des salaires et des retraites, justice fiscale, réindustrialisation, égalité femmes-hommes, écologie. Comme l'a rappelé Sophie Binet : « les 130 bougies soufflées sont autant de flambeaux pour l'avenir. »