
Les syndicats, le Labour et Corbyn
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Le premier ministre travailliste Keir Starmer fait un discours à Londres après la publication du budget de son gouvernement. 1er décembre 2025
La réforme de l'Etat providence britannique est revenue sur la table. Lors d'un discours de politique générale prononcé lundi 1er décembre 2025, le premier ministre britannique Keir Starmer en a fait l'une de ses trois priorités. « Notre État providence enferme les gens non seulement dans la pauvreté, mais aussi dans le chômage, en particulier les jeunes, ce qui se traduit par un manque d'ambition. Ainsi, tout en investissant dans l'apprentissage et en veillant à ce que les jeunes sans emploi aient la garantie d'une offre de formation ou d'emploi, le renouveau exige que nous réformions également l'État providence lui-même. »
Concrètement, le responsable travailliste entend « se concentrer sur les jeunes ». Il a ainsi remis à Alan Milburn, l'un des anciens cadres du New Labour de l'ancien premier ministre Tony Blair (1997-2007), la mission d'étudier la relation des jeunes au travail. « Nous devons supprimer tous les obstacles qui freinent le potentiel de nos jeunes, car si vous êtes ignorés au début de votre carrière, si vous ne bénéficiez pas du soutien nécessaire pour surmonter vos problèmes de santé mentale, ou si vous êtes simplement écartés parce que vous êtes neurodivergents ou handicapés, vous risquez de vous retrouver piégés dans un cycle de chômage et de dépendance pendant des décennies, ce qui coûte cher au pays, nuit à notre productivité et surtout, cela représente un énorme gaspillage de potentiel », s'est-il justifié.
Cette attention particulière aux jeunes est née de la forte hausse de leur inactivité et de leur chômage depuis la crise du Covid-19. En septembre 2025, 1,2 million de 16-24 ans étaient soit inactifs ou sans-emploi et hors formation professionnelle ou éducation, soit 230 000 de plus qu'en février 2020. Le chômage des 16-17 ans est passé de 23,8% à 36%. Ce phénomène s'inscrit dans une tendance plus générale: chez les 16-64 ans, il y avait 2,1 millions d'inactifs désirant travailler, soit 250 000 de plus qu'en février 2020, 7 millions d'inactifs ne voulant pas travailler, soit 460 000 de plus qu'avant la crise du Covid, et surtout 2,8 millions de malades longue durée, soit 710 000 malades supplémentaires.
La hausse du nombre d'inactifs et de malades longue durée a fait exploser les versements d'aides sociales au cours des cinq dernières années. En mars, le gouvernement a estimé les aides sociales liées à l'impossibilité de travailler en raison de problèmes de santé à environ 47 milliards d'euros, soit largement plus du double des 18 milliards versés en 2016. Il estime que cette somme passera à 75 milliards d'ici à 2029.
La manière dont le gouvernement s'y prendra pour relancer le travail des jeunes et le niveau d'activité général n'est pas encore connu, même si le budget annoncé la semaine dernière précise que « le niveau du Crédit universel [qui remplace petit à petit l'ensemble des prestations sociales] sera rééquilibré pour qu'il ne soit pas plus intéressant d'être malade que de travailler ». L'émergence d'une vision claire du gouvernement est d'autant plus douteuse que Keir Starmer et sa ministre de l'Economie et des Finances Rachel Reeves avait décidé au printemps de s'attaquer à la forte progression du nombre de bénéficiaires de l'allocation pour handicapés et de la pension d'invalidité depuis la crise du Covid-19: ils étaient 5 millions en février 2025 contre 3,8 millions cinq années plus tôt. Pour ce faire, ils avaient annoncé le durcissement des critères d'éligibilité à l'allocation pour handicapés et l'abaissement du montant de la pension d'invalidité de 116 euros à 60 euros par semaine pour tous les futurs demandeurs. Ces mesures devaient permettre l'économie de 7,9 milliards de livres sterling d'ici à 2031.
La révolte n'avait alors pas tardé. La Resolution Foundation, un centre de réflexion dont la recherche se concentre sur les bas salaires, avait analysé leur impact concret sur les Britanniques concernés et indiqué que « 800 000 à 1,2 million de personnes perdront chaque année entre 5 020 et 7 530 livres par an ». Sharon Graham, la secrétaire générale de Unite, la principale plateforme syndicale du pays, avait rappelé que « le principe de remettre les gens au travail est juste, mais nous devons réfléchir ensemble pour nous assurer que nous créons des emplois et des formations auxquels les gens peuvent accéder. Il s'agit d'investir dans l'industrie manufacturière et de créer des emplois pour l'avenir. Plus d'un tiers des personnes bénéficiant d'allocations possèdent déjà un emploi, nous devons nous assurer que le travail est rémunérateur pour tout le monde. » Face à la levée de boucliers des associations et de nombres de ses députés, le gouvernement avait dû faire marche arrière. Mais nul doute que le flou de ses récentes annonces n'aura rassuré personne.
Tristan de Bourbon

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