Déprime à l’emploi
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« Nous sommes en train d'accepter petit à petit en France l'idée d'une société à deux vitesses, entre ceux qui ont plus ou moins et ceux qui n'ont plus. Mais être pauvre aujourd'hui chez nous, c'est aussi ne plus être entendu, ne plus être vu ou regardé, c'est se cacher, se taire et subir un vrai racisme social. Tous ces mots par lesquels on les stigmatise, assistés, déclassés, et tant d'autres qui font mal, provoquent ainsi chez eux un sentiment de culpabilité, tout en les séparant de plus en plus de nous. »
L’histoire d’une grande majorité de Français
Comme un autre cinéaste « résistant », Gilles Perret, Jean-Pierre Duret est savoyard. Comme lui, il a été encouragé par l'écrivain britannique John Berger – leur ami installé dans la même région – à réaliser son premier film sur ses parents paysans.
Andréa Santana est brésilienne, architecte et urbaniste. Ensemble, ils ont réalisé trois films, dont le très beau Romances de terre et d'eau. Puis se sont tournés vers la France et arrêtés à Givors, « emblématique d'une histoire telle que la connaissent une grande majorité de Français.
« Les personnes que nous avons filmées sont quelques-unes parmi les millions qui, dans notre pays, ont des fins de mois difficiles, qu'elles aient un travail ou non .
Ainsi est né « Se battre » où nous rencontrons des personnes frappées par la précarité et qui essaient de rester dignes. Ils et elles ont comme nous tous des rêves – devenir boxeur, récupérer son enfant placé, assurer un meilleur avenir pour sa famille. Mais comment les réaliser lorsqu'on a 2,50 euros par jour à dépenser pour se nourrir ? Ils semblent parfois être à côté de la vie dont le rythme, celui de l'activité, les a laissés sur le bord de la route » ».
Et pourtant, ils résistent
Et avec eux, les bénévoles des associations d'entraide comme le Secours populaire, qui veillent à rester à leur côté, sans ignorer qu'ils sont le couvercle qui empêche la cocotte-minute d'exploser… « Nous avons rencontré le peuple français tel qu'il est et tel qu'il maintient vive sa culture de résistance et de générosité, sa part de singularité », déclarent modestement les deux réalisateurs. Encore fallait-il savoir l'écouter, ce qu'ils ont magnifiquement réussi.
« Se battre », réalisé par Jean-Pierre Duret et Andréa Santana, 1 h 30.