Déprime à l’emploi
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Ils sont tous deux trentenaires, peut-être leur seul point commun…
Jennifer, jeune femme solaire, bien dans ses baskets, aime danser et le karaoké avec ses copines. Elle lit des magazines people ou Anna Gavalda, sait tout sur Jennifer Anniston et dévore la vie avec appétit. Clément aime Kant, Proust, et lui-même… Issu d'une famille bourgeoise assez glaciale, il a collectionné les conquêtes, mais son charme cache mal le handicapé du sentiment qu'il pourrait bien être.
Au salon où il vient se faire coiffer, Clément rencontre Jennifer et l'attirance des contraires joue, même si d'emblée les différences socioculturelles sont évidentes. Que Lucas Belvaux souligne en montrant tous les clichés qui opposent ces deux personnalités. Malgré ce déterminisme social, (Clément lit aussi Zola…) une histoire d'amour va naître, où chacun va faire un pas dans l'univers de l'autre.
Clément comme Jennifer vont se dévoiler, lui en se « décoinçant », elle en montrant qu'elle est loin d'être une « nunuche ». Mais cela suffit-il pour aller plus loin qu'une aventure ?
On pense au beau film de Claude Goretta « La dentellière », où la toute jeune Isabelle Huppert, apprentie coiffeuse sans défense, vivait un premier amour de vacances tragique avec un étudiant intello (Yves Beneyton). À la fois chaleureux et subtil, Pas son genre est une « comédie sociale » où le propos de Lucas Belvaux va plus loin que le récit d'une histoire d'amour compliquée.
Il questionne la notion de classe, le clivage entre Paris et province, entre une personne socialement favorisée et une autre qui l'est moins, tout en s'interrogeant sur la possibilité (ou non) de franchir ce fossé pour former un couple.
Pas son genre, réalisé par Lucas Belvaux, 1 h 51.