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ÉCRAN

Déprime à l’emploi

21 juin 2014 | Mise à jour le 26 avril 2017
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Déprime à l’emploi

« Surtout ne pas pleurer, ne pas céder corps et âme au désespoir et aux larmes. »

Le film des frères Dardenne, Deux jours, une nuit, s'ouvre sur cette phrase que se répète inlassablement Sandra (Marion Cotillard, épaules rentrées et regard éteint, poignante dans ce rôle d'ouvrière laissée pour compte), alors que son monde vient de s'effondrer sous ses pieds.

Le patron de la petite entreprise dans laquelle elle travaille depuis des années a profité de son absence et sa dépression pour proposer à ses collègues un choix cornélien : voter « contre » elle et empocher une prime de 1 000 euros ou voter « pour » le maintien de Sandra dans son emploi.

 

Le contremaître les a ligués les uns contre les autres, laissant entendre que si ce n'était pas elle qui partait, ça serait un autre…

La machine à broyer a sacrifié la plus faible, la moins apte à se défendre, la moins compétitive.

« Ils préfèrent leur prime, c'est normal », se dit Sandra.

Car 1 000 euros, c'est le prix des études de la dernière, c'est le coût d'un an de facture d'électricité.

Et elle, à leur place, avec ses deux enfants, peut-être en aurait-elle fait autant ?

Sans jamais porter de jugement sur les choix des personnages, les frères Dardenne inscrivent leur dernier film dans cette veine sociale qui caractérise leur cinéma, nous plongeant cette fois dans les affres de l'emploi précaire, celui qui ne tient qu'à un fil et permet à peine de boucler les fins de mois.

Contre le chacun pour soi favorisé par la crise, ils signent un film de refus face à la résignation. Poussée par son mari et une collègue qui la soutient, Sandra va rassembler son courage et frapper à la porte de chacun de ses collègues pour essayer de les convaincre de changer leur vote.

Le temps d'un week-end, à marche forcée, elle va rencontrer des êtres aussi vulnérables qu'elle, pas des salauds, non, mais des pauvres gens comme elle en galère pour qui 1 000 euros, ça fait la différence. Et au bout de ce chemin de croix, bien plus que son emploi, c'est sa dignité et son courage perdu qu'elle recouvrera.

 
Deux jours, une nuit, réalisé par Luc et Jean-Pierre Dardenne. 1h 35. En salles depuis le 21 mai.