Oeuvres en danger
Depuis le 22 juillet, un permis de démolir est affiché sur la crèche Louise Michel à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) qui renferme cinq grands panneaux, représentant la communarde entourée d'enfants, réalisés par Boris Taslitzky (1911-2005). Alertée par les riverains il y a peu, sa fille, Évelyne Taslitsky, a aussitôt écrit au maire et lancé une pétition : « Il y a urgence ! Nous avons jusqu'au 22 septembre pour faire revenir sur sa décision Monsieur le Maire, Patrick Balkany. »
L'appel est entendu : en 8 jours, près de 4 500 signatures ont été enregistrées. « Le but n'est pas de créer la polémique, mais de sauver le patrimoine, en déplaçant les panneaux sur un autre bâtiment officiel, même si la mairie aurait pu me prévenir », explique sa fille. Portant le même nom que son paternel, elle est facile à trouver… Mais comme nous l'apprend Antoine Perraud dans Médiapart, les services de l'urbanisme n'ont pris connaissance de l'existence des œuvres que grâce au courrier d'Évelyne. En d'autres termes, les caméras de surveillance, dont raffole de longue date la municipalité, ne détectent nullement la richesse de son patrimoine culturel.
LA RÉSISTANCE PAR LE TRAIT
Car comment détruire des œuvres signées par un si grand peintre, de renommée internationale ? Un simple clic sur le très beau site (Boris Taslitzky.fr) qui lui est consacré aurait dû suffire à ne pas visser le permis de démolition à même l'un des panneaux. Ses paysages, ses natures mortes, ses portraits sont de toute beauté. Quant à son parcours, il force le respect. Car Boris Taslitzky, communiste engagé, résista à la barbarie nazie. Il fut déporté à Buchenwald, où il réalisa près de deux cents croquis et dessins et même cinq aquarelles !
Une vidéo nous offre son témoignage sur cette résistance par le trait à l'enfer concentrationnaire.
La fronde commence à payer : Patrick Balkany a demandé une étude sur la faisabilité du déplacement de l'œuvre et réfléchit aux lieux susceptibles de la recevoir.