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IRLANDE

Le faux bol d'Eire

4 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Le faux bol d'Eire

On croyait l’Irlande au fond du trou au plus fort de la crise financière qui fit trembler l’économie du pays entre 2008 et 2011. Mais, quatre ans après, le tigre celtique semble s’être relevé. En aparence du moins.

Les travailleurs irlandais souffrent du recours de plus en plus systématique aux contrats 15 heures, une variante irlandaise des fameux contrats zéro heures, appliqués notamment au Royaume-Uni, et qui ne garantissent au salarié ni un nombre d’heures précis par semaine, ni un salaire stable.

«L'Irlande n’est pas réellement sortie de la crise», explique Patricia King, secrétaire générale du ICTU, l’unique syndicat de l’île. «Nous avons toujours un taux de chômage à 10%, et un travailleur sur cinq touche un salaire bas. Ceci n’est en aucun cas un succès.»

Le problème des contrats 15 heures existait déjà avant 2008, mais la crise bancaire n’a en rien arrangé la situation des Irlandais. Une «reprise» à deux vitesses qui énerve d’autant plus King que les citoyens de l’île ont dû financer le sauvetage des banques quand leur situation est devenue insupportable. «Le sauvetage des banques privées coûte toujours 2 milliards d’euros par an aux citoyens, pour un total qui atteint les 64 milliards d’euros.»

Depuis le début de l’année, par exemple, un mouvement social très médiatisé agite l’île. En effet, les employés du groupe Dunnes Stores, une chaîne de magasins irlandaise, organisent régulièrement des piquets de grève pour protester contre leurs contrats précaires jugés «indécents». 5000 employés de la chaîne se sont ainsi joints au mouvement, le 2 avril dernier.

IRLANDE DU NORD

C’est notamment pour ces raisons que l’ICTU a choisi de répondre à l’appel de la Confédération européenne des syndicat (CES) de manifester le 1er mai contre l’austérité en Europe.

«Les 26 millions de personnes qui sont privés d'emploi en Europe constituent une urgence économique et politique, continue Patricia King, pourtant, seule l’urgence financière fait l’objet d’efforts.»

C’est à Belfast, où un rassemblement intercommunautaire est organisé, que madame King a célébré le 1er mai cette année, sa première fête des travailleurs depuis qu’elle a pris ses fonctions.

À quelques jours des élections législatives du 7 mai prochain, au Royaume-Uni, la question de la lutte contre l’austérité est d’autant plus forte dans la partie nord de l’Irlande. Le syndicat de madame King est non seulement la seule fédération syndicale en République d’Irlande, mais il a aussi la particularité d’agir sur l’ensemble de l’île, y compris dans les cantons du Nord, officiellement membres du Royaume-Uni. L’ICTU compte bien profiter de cette échéance électorale pour faire pression sur Londres.