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RETRAITES COMPLÉMENTAIRES

Quand le patronat s’exonère

20 octobre 2015 | Mise à jour le 1 mars 2017
Par | Photo(s) : © GARO/ AFP
Quand le patronat s’exonère

Extérieur des caisses de retraite agirc ( retraite des cadres )GARO/PHANIE

Les négociations sur les régimes de retraite complémentaire Arrco et Agirc ont abouti, vendredi dernier, à un projet d'accord entre le patronat et trois organisations syndicales. Sans pérenniser les régimes, le texte prévoit notamment un nouveau report de l'âge du départ en retraite. La CGT et FO s'y opposent.

Comment équilibrer les comptes des régimes de retraite complémentaire ? En faisant contribuer les salariés actifs et retraités à hauteur de quelque 95 % du besoin de financement, le patronat ne participant généreusement qu'à 5 % de cet effort : 5,7 milliards d’euros à la charge des salariés et des retraités, 300 millions pour le patronat.

Mais aussi en réduisant les droits des retraités et en augmentant de fait l'âge de départ en retraite. Voilà ce que prévoit le projet d'accord sur la réforme des régimes de retraites complémentaires Arrco (tous les salariés) et Agirc (cadres), conclu vendredi 16 octobre par le patronat et trois organisations syndicales de salariés.

Un jeu de dupes dont les salariés et les cadres en particulier feraient les frais, d'autant plus que le projet d'accord prévoit aussi, d'ici 2019, la mise en place d'un « régime unifié » qui annihilerait de facto l'un des éléments majeurs du statut cadre.

TRAVAILLER PLUS OU GAGNER MOINS

Parmi les mesures phares, le projet d'accord crée un système de « bonus-malus » à partir de 2019, censé « inciter » les salariés à travailler plus longtemps. Atteindre l'âge légal de la retraite (62 ans) avec toutes ses annuités (41,5 ans) ne suffirait plus en effet pour recevoir sa retraite complémentaire, qui serait amputée de 10 % pendant au moins deux ans.

Éviter le malus imposerait de travailler un an supplémentaire. « Ce n'est pas un report de l'âge de la retraite. Ils feront leur choix, c'est une liberté qui leur est accordée », traduit François Hollande. Curieux « choix ». D'autant plus, comme le souligne la CGT – opposée à ce projet de même que FO –, que plus de la moitié des salariés ne sont déjà plus en poste au moment de la liquidation de leur retraite. Et que les femmes doivent majoritairement travailler plus longtemps pour atteindre leurs annuités.

Les plus jeunes, quant à eux, verraient leurs pensions diminuer encore, à terme, pour satisfaire au passage les appétits des assureurs privés qui n'hésitent pas à proposer à ceux qui le peuvent de cotiser, sans garantie, au détriment de notre système solidaire.

Par ailleurs, la date de revalorisation des pensions serait reportée d'avril à novembre, et le prix d'achat du point augmenterait lui aussi pendant trois ans. L'équilibre des régimes n'en serait cependant pas garanti, ce qui permet au patronat d'envisager concrètement la fusion des régimes Arrco et Agirc.

FINANCER LES RETRAITES COMPLÉMENTAIRES, C'EST POSSIBLE

De tels reculs ne sont pas inéluctables. L'augmentation des salaires comme le développement de l'emploi permettraient de trouver des ressources supplémentaires qui font aujourd'hui défaut. Car c'est bien d'un manque de recettes que pâtissent les régimes.

Comme le souligne l'Ugict-CGT, « le besoin de financement est significatif, mais peut sans difficulté être satisfait au seul regard des sommes considérables allouées aux entreprises, au travers des dispositifs d'exonérations et d'aides à l'emploi, en pure perte si l'on considère l'évolution du taux de chômage ». CICE, pacte de responsabilité, exonérations de cotisations sociales, aides à l'emploi…

« Toutes choses égales par ailleurs, la somme de ces dispositifs représentera plus de 100 milliards d'euros en 2017. Pour la même date, nous recherchons 6,7 milliards d'euros pour maintenir les droits à la retraite complémentaire actuels des actifs et des retraités. »

La CGT et son Ugict formulent trois propositions – dont elles ont demandé le chiffrage à l'Arrco et à l'Agirc – qui résorberaient les déficits. D'une part, une réelle égalité salariale entre femmes et hommes. Ensuite, l'alignement des taux de cotisation pour les retraites en dessous et au-dessus du plafond de la Sécurité sociale.

Enfin, une cotisation strictement patronale au taux de 10 % sur les éléments non soumis à cotisation dans les régimes complémentaires (intéressement, participation, épargne salariale…). Pour préserver nos régimes et de bons niveaux de retraite, voici qui serait plus juste que ce que prévoit le « coup de force » du Medef.


Arrco, Agirc : un complément de retraite indispensable

L'association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Arrco) gère le régime complémentaire de l'ensemble des salariés du privé (incluant les cadres). Le montant moyen de la retraite complémentaire Arrco est de 2 863 euros par an pour une femme et de 4 775 euros pour un homme.

L'association générale des institutions de retraite des cadres (Agirc) concerne les cadres (ou assimilés) pour une partie de leur salaire (au-delà du plafond Arrco). Ces retraites complémentaires représentent environ 60 % du montant total de la pension de retraite des cadres.

Le montant moyen de la retraite complémentaire Agirc est de 4 210 euros par an pour une femme et de 10 472 euros pour un homme.

 

? Lire l'argumentaire de la CGT pour les retraites Agric-Arrco