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De la misère à la colère

19 novembre 2015 | Mise à jour le 28 février 2017
Par | Photo(s) : DR
De la misère à la colère

Minés par la précarité, guettés par la misère, les militants CGT de la distribution, en colère, ont décidé de donner des suites plus coercitives à leurs mobilisations.

Les salariés de la grande distribution n'en peuvent plus. De leurs salaires de misère ; de travailler en horaires fractionnés, atypiques et décalés. Ils n'en peuvent plus des mascarades de négociations annuelles qui n'obligent l'employeur qu'à négocier et qui débouchent, année après année, sur des augmentations nulles, alors que les bénéfices des entreprises exploitant leur travail, eux, explosent.

Ils ne supportent plus que les actionnaires s'engraissent en dividendes tandis qu'on dégraisse les effectifs.

Ils sont angoissés de voir leurs collègues basculer de la précarité à la pauvreté et de la pauvreté à la misère. Ils sont scandalisés, écoeurés et logiquement en colère d'apprendre que des millions d'euros d'argent public – CICE + baisses de charges – sont inconsidérément distribués à leurs patrons, sans la moindre contrepartie exigée par le gouvernement « pro-business » pour, non pas recruter ni investir dans l'appareil productif, mais pour licencier, licencier et encore licencier. Comme si éliminer de la masse salariale était devenu un hobby de riches !

ÉCARTÈLEMENT

Quelques chiffres pour donner la mesure : en 3 ans, les principales enseignes de la grande distribution ont supprimé 30 000 emplois en France. Sur la même période, les actionnaires d'Auchan se sont partagés la coquette somme de 670 millions d'euros sur les 2,4 milliards de profits dégagés par l'enseigne. Chez Système U, 540 millions d'euros pour l'actionnariat sur 770 millions d’euros de bénéfices. Chez Casino, 1,2 milliard versés aux actionnaires et, chez Leclerc, 1,3 milliard en dividendes sur 1,8 milliard de profits.

Au cours des cinq dernières années, les salariés de ces enseignes ont perdu 1 500 euros de pouvoir d'achat (source : 60 millions de consommateurs). À ce point d'écartèlement, le rapport capital/travail n'est évidemment plus tenable, et la colère des salariés, elle, bien légitime.

Réunis en assemblée générale le 24 septembre dernier, 150 syndiqués de la fédération CGT du commerce et des services avaient déjà largement exprimé leur ras-le-bol. Et décidé, ce même jour, de passer à la vitesse supérieure en termes d'action et de mobilisation pour exiger du patronat la satisfaction de toutes leurs revendications :
– l'augmentation de tous les salaires ;
– un SMIC à 1 800 euros ;
– la revalorisation des niveaux en fonction du travail réel ;
– des embauches pour assurer la surcharge de travail engendrée par les suppressions massives d'emplois ;
– la suppression du travail le dimanche, les jours fériés et le soir afin de pouvoir concilier vie professionnelle et vie privée.

LE MOIS DE LA COLÈRE

Le plan d'action a été déclenché le 18 novembre, dans la foulée d'une conférence de presse réunissant les délégués syndicaux centraux et nationaux toutes enseignes confondues, et la direction fédérale CGT du commerce et des services.

À la demande de ses syndiqués de la distribution, celle-ci va impulser le plan d'action décidé, et mettre le paquet pour faire converger toutes les luttes, toutes les colères de tous les militants de toutes les enseignes, et atteindre l’apogée au mois de décembre.

Baptisée sans ambiguïté « Le mois de la colère », cette mobilisation grand format et à forte intensité se déclinera tout au long du très stratégique mois de l'hyper-consommation. Les enseignes alimentaires sont prioritaires, mais les grands centres commerciaux, particulièrement sensibles aux achats de Noël, sont également ciblés.

 

UN PLAN PROTÉIFORME

Très diversifiées, les formes d'action vont de la simple pétition à la distribution de tracts aux clients, des débrayages en série aux grèves totales. À quoi s'ajoutent les interpellations de patrons et de syndicats patronaux « pour bien exprimer la force de la colère et exiger de vrais salaires, des embauches et des conditions de travail décentes », a martelé Brigitte Couderc-Delorge, la secrétaire fédérale.

Seront également interpellés les ministres de l'Économie et du Travail, pour les rappeler à leurs engagements et à leurs responsabilités, notamment en ce qui concerne leur politique de l'offre, au vu de ses résultats : une baisse généralisée des salaires, le défaut d'investissement dans l'appareil productif, le détournement d'argent public, en particulier via le CICE, à des fins contraires à l'objectif affiché par le gouvernement de « relance de l'emploi, d'investissement dans l'appareil productif et d'inversion de la courbe du chômage ».

 

« Nous allons démontrer que toutes ces enseignes touchent des fonds publics qu'elles ont reversé au capital, et nous allons demander au gouvernement quel est le nom de cette politique », prévient Amar Lagha, secrétaire général de la fédération du commerce CGT.

Saine colère, quand tu les tiens, les militants CGT ne lâchent plus rien !

Aides publiques – CICE et exonérations loi Fillon – au bénéfice des groupe de GSA (grandes surfaces alimentaires) :

2013 1,6 milliard d'euros pour les 6 groupes dominants
2014 1,6 milliard d'euros pour les 6 groupes dominants
2014-2016 (projection) 6,5 milliards d'euros
ÉTUDE RÉALISÉE PAR SECAFI GROUPE ALPHA

Les chiffres des fonds publics touchés par les groupes de la grande distribution :