L’heure des 32 heures
L'entrée est aussi discrète que le site est exceptionnel. Ancienne résidence bourgeoise aux toits de tuiles colorées, typique de la région, le musée du Temps, à Besançon, rend hommage au labeur et au savoir-faire des artisans ou ouvriers de la cité horlogère.
Rapidement, car le temps presse pour être au rendez-vous avec les syndiqués, on passe en revue des siècles de travail d'art. Il y a les incontournables horloges comtoises, les pendules cartels finement découpées et tout en dorures, la découverte des montres datant de la Révolution française…
Si les écoliers savent que les révolutionnaires ont modifié le calendrier grégorien, qui sait aujourd’hui qu'ils avaient aussi « tenté » d'inventer la journée de 10 heures ! « Les bouleversements politiques et sociaux ont eu des répercussions dans le domaine de l'horlogerie et de la mesure du temps, explique la conservatrice du musée. Il y eut une tentative d'imposer la journée de 10 heures, le système décimal permettant de marquer la rupture avec l'Ancien Régime ».
Car mesurer le temps est, non seulement, un besoin humain, mais aussi une manière de rationaliser la vie en société et particulièrement le travail. Chronomètres, pointeuses… un tas d'instruments se mettent au service de l'économie et du contrôle social des travailleurs.
Dans l'une des vitrines, on découvre le chronomètre du travailleur. Daté de la fin XIXe siècle, il proclame en avance sur son temps : « Nous voulons 8 heures pour travailler, 8 heures pour nous instruire, 8 heures pour nous reposer. »
Finalement, la journée de 8 heures sera une revendication des luttes ouvrières durant tout le XIXe siècle et enfin actée en 1919. De quoi faire une liaison directe avec l'actualité de la CGT.
« Ma présence ici, c'est d'abord un très gros clin d'œil à la revendication des 32 heures de travail, explique Philippe Martinez. Une question essentielle pour « travailler tous, moins et mieux ». »
Utopique ? Pas plus que les 40 heures du siècle dernier. « Depuis que le travail existe, les salariés ont toujours revendiqué de travailler moins. C'est le sens de l'histoire, note encore Philippe Martinez. Et les patrons ont toujours usé des mêmes arguments pour leur refuser. Donc rien de nouveau sous le soleil. »
Reste que « dans une période de haute technologie comme la nôtre, la réduction du temps de travail est bon pour l'économie, la culture, pour se retrouver ensemble, en famille. Des valeurs dont nous avons plus que jamais besoin ».
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