L’Europe des trains à la traîne
Suite de notre article sur le fret ferroviaire, « Plus de wagons, moins de camions !», l’Europe n'est pas plus exemplaire, les transports polluants restent financés et... Lire la suite
Le 2 novembre dernier, soit un mois avant l'ouverture de la Cop 21, se tenait – à l'initiative du CE de la SNCF FRET – à Villeneuve-Saint-Georges, un colloque autour du fret ferroviaire.
Le refus des organisateurs de la COP 21 d'accueillir un stand du CE Fret SNCF dans « l'espace citoyen » augurait mal de la prise en compte de cet enjeu majeur. De plus, la direction de la SNCF n'a pas participé à ce colloque qui réunissait pourtant cent cinquante participants, notamment élus d'Île-de-France, syndicalistes, représentants d'associations, acteurs du secteur de la logistique et des ports français…
Fret ferroviaire, fluvial et cabotage maritime devraient être déclarés d'intérêt général, car ils conditionnent la santé publique, l'aménagement du territoire, la relocalisation industrielle.
À quelques jours de la COP 21, ce colloque a mis en lumière l'enjeu majeur que représente le report de trafics depuis la route vers des modes plus vertueux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, puisque le secteur des transports est le principal émetteur de gaz à effet de serre.
Le bilan de ces dernières années est catastrophique : tous les indicateurs de trafic, de recette et de qualité se sont dégradés. Par exemple, le nombre de tonnes de marchandises transportées par fret a été divisé par deux, le trafic FRET SNCF a reculé de 27 %, et, en 2013, ce sont 289 milliards de tonnes-kilomètres (tkm) qui ont été acheminées par la route, sur les 340 milliards de tkm transportées.
Contrairement aux engagements pris par l'État en 2009, l'appareil de production et les organisations sont fragilisés, les compétences et les savoir-faire ont été bradés, les effectifs ont baissé de manière importante.
Au nombre des engagements non tenus :
Pire, le développement de fret ferroviaire à grande vitesse a été abandonné, et la suppression des goulets d'étranglement pour les agglomérations de Lyon, Dijon et Bordeaux a été remise en cause par la commission Mobilité 21. L'exemple de l'Île-de-France, première région économique d'Europe, est significatif, tant la part de transport ferroviaire de marchandises y est singulièrement faible.
Très clairement, la politique nationale menée reste très favorable au transport routier, par exemple la suppression de l'écotaxe, l'allègement de la taxe à l'essieu (instaurée en 1968 pour pallier les dégradations du réseau occasionnées par le transport routier) et, depuis 2013, l'autorisation de circulation des véhicules de 44 tonnes à 5 essieux jusqu'alors interdite en France.
Une incohérence totale puisque le transport ferroviaire est de très loin le plus économe en énergie. Cette réalité accroît aussi fortement l'endettement de l'établissement public SNCF, alors que sa filiale privée VFLI (Voies ferrées locales et industrielles) enregistre une croissance de 26 % de ses parts de marché en 2013…
À lire demain, la suite de notre analyse : « L'Europe des trains à la traîne »
Sources : « Non à l'effet de serre financier ! », La Tribune des cheminots, novembre 2015
« Qui veut la peau du fret ferroviaire ? » (document du CE Fret)
« Enjeux environnementaux et transport » (brochure de la Fédération CGT des cheminots)