Un plan pour améliorer la vie des jeunes
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Ils étaient 400 jeunes, rassemblés, 400 syndicalistes, déterminés, et qui le montrent. Les 400 syndicalistes présents mercredi et jeudi aux Assises des jeunes CGT à Montreuil ont montré qu'ils voulaient apporter un dynamisme et une fraîcheur nécessaires pour revigorer le mouvement syndical progressiste, mais aussi qu'il est difficile de trouver leur place parmi leurs ainés. Pourtant, la question se pose. Celle de leur engagement, celle de leur reconnaissance. Et puis comment organiser le renouvellement générationnel ? L'organisation syndicale est plus que centenaire, pour autant, elle peut rester jeune. Mais l'âge moyen y est aujourd'hui proche de 55 ans…
Des différences de langage, de code, mais aussi en partie de problématiques ; pourtant, les jeunes comme les anciens partagent non seulement la même volonté de changer les choses au présent, mais aussi le même désir d'imaginer le monde de demain. Si certains en appellent aux générations précédentes pour les guider, et leur offrent, en échange, leur vitalité et leur force de mobilisation, d'autres sont frustrés de ne pas être assez entendus ou pris au sérieux.
« On se heurte aux us et coutumes d'un appareil qui a 120 ans », explique même l'un des jeunes présents, ce à quoi un autre ajoute qu'il faut créer un cahier revendicatif « spécifique aux jeunes d'aujourd'hui », car les « anciens jeunes », comme il les appelle, avec une touche d'affection, « ne comprennent pas » toujours leurs problématiques ou leurs revendications spécifiques. À leurs yeux, les générations plus âgées tentent de défendre des acquis, ou leurs statuts. Mais quel statut défendre pour un travailleur qui enchaîne les petits boulots précaires pendant les dix premières années de sa vie professionnelle ? « Défendre des salariés en CDD, en intérim, c'est moins facile », explique l'un des jeunes militants.
D'ailleurs, nombre d'entre eux sont issus de la « génération CPE ». En 2006, la mobilisation contre le contrat première embauche avait été leur première victoire. Mais, depuis, la question de la précarité reste un frein à leur émancipation sociale et à leur carrière.
Leur précarité, c'est aussi à la fois une pression, et une mobilité forcée qui questionne la continuité des liens avec le syndicat. Outre l'effet dissuasif que peuvent avoir un contrat précaire et la pression patronale sur un jeune travailleur désireux de se syndiquer, il est également difficile pour eux de conserver un contact avec le syndicat quand ils passent d'une entreprise à une autre tous les mois. Comme en témoigne Clément, qui a attendu dix ans avant de se syndiquer. Après avoir travaillé « dans tous les secteurs » et sous « tous les contrats », il a enfin décroché le CDI tant attendu. Quelques jours plus tard, il prenait sa carte.
Pour autant, loin de reléguer leurs aînés au placard, nombreux sont ceux qui saluent le travail des générations précédentes. Au-delà de la rencontre avec les plus âgés sur le lieu de travail et dans le syndicat, l'Histoire elle-même enrichit. Lorsque les militants travaillent sur le devoir de mémoire, témoigne Aziz Bouabdellah, coanimateur du collectif jeunes CGT, « le jeune repart boosté ». Un autre militant rappelle que « les anciens du CNR étaient jeunes quand ils se sont battus. »
C'est là l'un des dilemmes, mais aussi l'une des forces de cette génération : être la relève, moderniser, ajuster le militantisme aux problématiques actuelles sans faire table rase des luttes passées et, au contraire, y puiser, aussi, de l'expérience. « Nous sommes les héritiers de traditions syndicales et des batailles de nos aînés », souligne un jeune cégétiste.
Cet héritage, pour Maxime Grand, du collectif jeunes de l'Isère, c'est cette capacité de se faire une place, de « piquer », de lutter pour conquérir les responsabilités. Comme un hommage à ses prédécesseurs, il envisage le moment où lui-même verra une nouvelle génération frapper à la porte du syndicat. « Quand je serai à la retraite, je veux que le jeune qui voudra prendre ma place “pique”, soit revendicatif ! » car, comme le rappelle l'un de ses camarades, « c'est nous, les jeunes, qui vivrons le plus longtemps dans ce système pourri ».
Être revendicatif au sein de son organisation mais également face au patronat, et aujourd'hui, aussi, face au gouvernement. En plein débat sur le projet de loi Travail, les voix des jeunes CGT se sont faites fortes pour refuser la précarité. Rejoints par des représentants de l'UNEF et de l'UNL, les syndicats étudiants et lycéens, le débat s'est vite porté sur les modalités d'actions contre le renforcement de la précarité.
Les contrats précaires représentent environ 20 pourcents des contrats de travail, mais c'est une étape par laquelle la quasi-totalité des travailleurs doit aujourd'hui passer au cours de sa carrière, comme un rite de passage.
« Nous refusons la précarité à vie », lance Marthe Corpet, trésorière nationale de l'UNEF et étudiante en droit à l'université Paris II. « Il y a une rupture avec le gouvernement, qui dit que les jeunes doivent travailler plus pour gagner moins et être virés plus facilement. » Elle est d'ailleurs rejointe sur ce point par Giuseppe Massimo, secrétaire national à la sphère internationale à l'UNL. « Notre génération demande un droit à l'avenir », explique-t-il.
De leur côté, certains jeunes travailleurs insistent : la lutte contre la loi El Khomri se fera ensemble, mais cette unité doit s'inscrire dans la durée… Dix ans après le retrait du projet CPE face à l'ampleur du mouvement étudiant et salarié, tous espèrent une mobilisation aussi forte avec, déjà, des rendez-vous tout au long du mois de mars.
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