Unions locales, état des lieux contrasté
« Où en est-on aujourd'hui de ce que sont les Unions locales ? Et que voudrait-on qu'elles soient ? » C'est avec ces deux questions que s'est ouverte, mercredi 2 mars, la 4éme conférence régionale des Unions locales à Bron. Une conférence dont l'intitulé – « Faire vivre nos UL, lieux de proximité, de solidarités et de lutte » – résonnait comme la promesse d'un programme. Que les organisateurs ont voulu ouvert en mettant en place un mode d'échange participatif : « La philosophie de cette rencontre, c'est bien d'entendre et de partager les pistes de réflexions lancées par tous et non pas de faire avaliser des décisions prises par un petit comité », résume Bernard Tournier, de la fédération des cheminots de Savoie.
UNE ENQUÊTE POUR RÉFLÉCHIR
Les pistes de réflexion ont pu se nourrir des résultats d'une enquête menée dans les huit départements de la région Rhône-Alpes (avant la fusion avec la région Auvergne dans le cadre de la réforme territoriale). À travers un questionnaire, portant sur « l'identité » et « la vie » des Unions locales CGT, adressé aux 87 UL référencées dans l'Ain, l'Ardèche, la Drôme, l'Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie. Parmi les 64 qui ont répondu (soit un taux de réponse de 73 %), 70 % se trouvent en zone urbaine ou périurbaine, 27 % en zone rurale, 9 % en zone métropolitaine (étrangement, 5 % sont « sans réponse »).
« Nous ne revendiquons pas le fait d'avoir mené un travail d'enquête professionnel mais nous l'avons voulu précis et il y a clairement des enseignements intéressants à en tirer. Et on peut penser que ce focus est assez représentatif de la situation au plan national », considère Bernard Tournier.
« UNE PORTE D'ENTRÉE DES SALARIÉS À LA CGT »
En l'occurrence, plusieurs faits saillants ressortent de cette enquête, largement commentée et débattue à Bron mercredi 2 mars. L'état des lieux est, il est vrai, contrasté. En positif, la vocation de proximité des UL continue de faire sens dans un monde du travail éclaté et sur des territoires reconfigurés. L'accueil des salariés est l'activité syndicale la plus menée par les UL (84 %) juste devant les formations syndicales (80 %) et l'accueil juridique (75 %).
« L'UL c'est une porte d'entrée des salariés à la CGT, un lieu où l'on peut développer des projets collectifs et de transformation de la société », résumait un adhérent, abordant au passage la dimension de politique syndicale des UL (qui sera développé dans le magazine). « Proximité », « coopération », « coordination et impulsion de la vie syndicale », « solidarité entre salariés, privés d'emplois, saisonniers »… autant d'éléments de définition du rôle des UL qui ont fait l'unanimité.
LE SALARIAT ÉVOLUE
Face à cela, en négatif, l'enquête révèle notamment une maîtrise parfois approximative du périmètre et des statuts ; un déficit de connaissance des moyens humains et financiers mobilisables ; et un faible lien avec les fédérations professionnelles de la CGT. « 80 % des UL ne connaissent pas les élus et mandatés de leur territoire » a ainsi souligné Pascal Dupas de l'UD de l'Isère, notant également que « 47 % considèrent que leur activité réelle ne correspond pas à leurs prérogatives statutaires ».
Deux chiffres qui, entre autres questions, posent celle de la pertinence des implantations : « Il nous faut partir de l'existant, des statuts déposés, pour aller voir ce qui a évolué, résumait un participant à un atelier consacré au “périmètre” des UL. Aujourd'hui, toutes nos UL ont-elles l'efficacité requise dans l'accompagnement de proximité alors que la situation du salariat évolue ? Il y a parfois des UL complètement dépeuplées, que doivent-elles devenir ? A contrario, on a des bassins d'emploi sans UL. Ne faut-il pas en créer ? » Longtemps « taboue », la question de la fusion de certaines UL ne semble donc plus l'être même si certains ont tenu à rappeler « l'histoire très forte de la CGT » dans les territoires.
RENFORCER L'INTERPROFESSIONNEL
Autre questionnement profond, l'interprofessionnel : seulement 53 % des UL organisent des réunions de branches professionnelles du territoire et seulement 42 %, des réunions de secrétaires de syndicats du territoire. Des chiffres qui dénotent un lien transversal qui reste à reconstruire. Avec, dans ce domaine, un point sur lequel tout le monde s'est entendu : cette difficulté à coopérer n'est pas uniquement le fait des UL.
Elle relève au moins autant de la responsabilité des fédérations dont certaines ont parfois tendance à oublier la dimension territoriale du combat syndical. Une dimension à laquelle cette conférence régionale a souhaité, deux jours durant et en favorisant l'horizontalité, redonner tout son sens.