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AP-HP

On ne baisse pas la garde dans les hôpitaux parisiens

5 avril 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
On ne baisse pas la garde dans les hôpitaux parisiens

L'opposition des personnels de l'Assistance publique Hôpitaux de Paris à la réorganisation du temps de travail voulue par Martin Hirsch, reste forte. Il y a près d'un an, l'annonce de ce projet avait suscité une mobilisation et des grèves massives pour battre en brèche une réforme destinée à réduire encore les moyens accordés à l'hôpital public, quitte à mettre les patients en danger.

« Cette réforme dégage comme un parfum de la marque El Khomri », résume Rose May Rousseau, secrétaire générale de l’Union syndicale CGT de l’AP-HP. Par son contenu autant que par la méthode employée pour en imposer la mise en œuvre.

Il s'agit notamment de voler 4 jours de RTT en moyenne aux agents de l'AP-HP, de supprimer les jours dits « forfait protocole » (2 à 4 jours liés à la mise en place spécifique des 35 heures) et les jours de congés supplémentaires accordés pour la fête des mères ou au titre de l'ancienneté. Il s'agit aussi d'instaurer le système des « grandes équipes », synonyme d'une polyvalence et d'une mobilité accrues des personnels, en fonction de « pointes d'activité ».

Le passage à 7 h 36 de travail par jour des agents actuellement à 7 h 50, pour arriver à terme à 7 h 30, n'a de réduction que l'apparence trompeuse. Cette réorganisation aura, en fait, pour résultat une nouvelle dégradation des conditions de travail pour les personnels, déjà débordés et usés, qui devront effectuer les mêmes tâches en moins de temps, tout en bénéficiant de moindres repos.

Le rapport établi à la demande des syndicats par le cabinet Secafi considère d'ailleurs comme « indispensable d'accepter de discuter emplois et de proposer des contreparties en personnels si l'objectif de la direction est de revoir l'organisation du temps de travail ». Les experts mettent également en garde contre les risques psychosociaux que cette réforme pourrait amplifier.

RÉDUIRE L'EMPLOI EST DANGEREUX POUR LES PATIENTS

L'insuffisance des effectifs explique, en particulier, le nombre de journées de RTT que les personnels, faute de pouvoir les prendre, placent sur des comptes épargne temps. L'équivalent, fin 2014, de 74,7 millions d’euros…. Mais Martin Hirsch n'a visiblement que faire des préconisations des experts, puisqu'il entend avec cette réorganisation, économiser encore 1 600 équivalents temps plein (ETP).

« Au risque de ne plus assurer la sécurité des patients », souligne Rose May Rousseau, dénonçant l'autoritarisme du directeur de l'AP-HP arcbouté sur ses positions depuis près d'un an, et le silence du gouvernement, particulièrement de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Refusant toute négociation sur les jours de grève du printemps dernier, Martin Hirsch a ponctionné 2 millions d'euros dans les poches des agents, y compris ceux qui n'avaient cessé le travail qu'une heure ou deux.

Pour finir – sans même en avoir informé les autres syndicats – par recevoir, en octobre, la CFDT (3syndicat avec 18 % des voix aux élections) qui a apposé sa signature au bas d'un protocole dont le contenu est quasiment identique à celui rejeté jusque-là par l'ensemble des organisations (dont la CFDT).

Peu importe, là encore, l'engagement pris par le directeur général à son arrivée à la tête de l’AP-HP, de ne jamais signer un protocole minoritaire. Encore un trait d'esprit El Khomri ! L'encre de ce protocole n'était pas encore sèche que Martin Hirsch indiquait d'ailleurs se réserver le droit, que la loi lui confère, d'appliquer sa réforme comme il le voudrait…

HIER DES HÉROS, AUJOURD'HUI DES SERPILLIÈRES

Mais les personnels et leurs syndicats les plus représentatifs (CGT, Sud Solidaires, FO) ne baissent pas la garde. Le 30 mars dernier, lors du Comité technique d'établissement central (CTEC) exceptionnel, leurs représentants (ceux de la CFDT ne prenant pas part au vote) ont adopté un vœux par lequel ils demandent des éléments d'information tant sur le financement de cette réforme que sur les prévisions en matière d'emploi.

La CGT pour sa part entend que, dans chaque hôpital, des expertises soient demandées et que se multiplient des assemblées générales locales pour continuer de dialoguer avec les personnels.

« Car nous ne pouvons accepter que les agents de l'AP-HP salués hier comme des héros, en particulier pour le dévouement dont ils ont fait preuve au lendemain des attentats du 13 novembre, soient aujourd'hui traités comme des serpillères sur lesquels Martin Hirsch et le gouvernement s'essuient les pieds », insiste Rose May Rousseau.