A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris
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Des centaines de salariés d'Air France, des syndicalistes d'un peu partout, les Good Year, la coordination jeunesse de Nuit debout… sont attendues devant le Palais de justice de Bobigny, ce vendredi 27 mai, pour soutenir les quinze salariés d'Air France dont le procès s'ouvre ce devant le TGI.
Onze sont poursuivis pour dégradation d'une grille et cinq – tous syndiqués CGT dont un délégué syndical – pour des violences présumées sur deux cadres et deux vigiles (l'un de salariés est poursuivi pour les deux chefs d'accusation) dans ce qui est devenu, pour l'opinion publique, « l'affaire de la chemise ».
Début du rassemblement à partir de 9 heures du matin, projection du film Comme des lions (qui raconte la lutte acharnée des salariés de PSA Aulnay contre la fermeture de leur usine) de Françoise Davisse, en présence de la cinéaste, prises de paroles pendant la pause déjeuner puis un concert de Soviet Suprem jusqu'à 17 heures.
Par ailleurs, une large intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFTC, SNPNC, Unac, SUD, SNPL, SPAF – les seuls syndicats absents sont la CFDT et la CGC) de tous les personnels confondus de l'entreprise appelle à la grève pour « une mobilisation générale ». Une mobilisation à la mesure de l'inquiétude avec laquelle les salariés abordent ce procès.
Pour mémoire, le CCE du 5 octobre qui actait une nouvelle suppression de 2 900 emplois chez Air France avait été interrompu par des manifestants. Deux cadres (dont le DRH) ayant eu leur chemise déchirée, le premier ministre, Manuel Valls, s'était déplacé, dès le lendemain, sur les lieux, n'hésitant pas à qualifier les salariés de « voyous », mais sans piper mot de la violence des suppressions d'emplois engagées.
Deux mois après, le dessaisissement de la présidente du tribunal de cette affaire dont le procès devait commencer en décembre 2015 a renforcé les soupçons de pressions de l'exécutif dans cette affaire. « Pas sûr que la justice puisse se prononcer sans se soumettre aux pressions politiques qui s'exercent », lâche ainsi un syndicaliste.
D'un point de vue juridique, la CGT a demandé que soit jointe à cette audience sa plainte pour « immixtion dans un conflit social » conformément au code de sécurité intérieure que la direction n'a pas respecté en embauchant des vigiles et en installant, la veille, des caméras de surveillance. « On s'interroge sur cette démarche qui nous laisse penser que la direction avait prévu de tirer le meilleur parti des débordements », explique Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint de la CGT Air France.
« Le procureur de la République était d'accord au départ, mais refuse désormais que la plainte de la CGT soit jointe au jugement des salariés d'Air France mis en cause. Les choses sont pourtant bien liées : si la direction d'Air France a commis des infractions à la loi au cours de cet épisode, on ne peut pas juger des salariés inculpés au cours de cette infraction ».
Parmi les cinq salariés licenciés – tous syndiqués à la CGT –, la CGT a réussi à trouver un travail temporaire à quatre d'entre eux. Le cinquième étant protégé en tant que délégué du personnel est encore salarié de l'entreprise. Son cas fait l'objet « d'un recours hiérarchique auprès des ministres », car malgré le refus de son licenciement par l'inspection du travail, la direction s'obstine. Le gouvernement doit se prononcer avant le 4 juin.
Si son avis allait contre celui de l'inspection du travail, ce serait mettre de l'huile sur le feu en plein conflit social contre de la loi El Khomri. Ce serait également une nouvelle attaque dans un climat de criminalisation de l'action syndicale dont le conflit à Air France est devenu un symbole de plus, à côté de celui des Good Year.
Le traitement médiatique de l'affaire est également source d'inquiétude : « certains ont oublié le fond de l'histoire, c'est-à-dire la souffrance des salariés d'une entreprise qui n'a cessé d'opérer des coupes drastiques dans l'emploi depuis 2012, explique un syndicaliste. L'opinion publique en est malheureusement restée à une chemise déchirée, et à la maltraitance d'un cadre dirigeant. La maltraitance des salariés, elle, est restée cachée, car moins spectaculaire. Alors, non, nous ne légitimons pas la violence, mais il faut comprendre ce qu'il y a derrière ».
Et de conclure : « entre 2012 et 2014, nous avons perdu 5 200 emplois et recensé dix suicides de salariés » ou la face cachée de la violence chez Air France.
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