Le compte n’y est pas
Tout (mauvais) compte fait. « Mille emplois sont visés, dont près de 400 sont directement et immédiatement menacés. » Sans compter le dépeçage de Latécoère, qui place le groupe en état d'être vendu à la découpe ou d'être absorbé.
Florent Coste a fait le total depuis l'annonce par la direction, le 7 juin au comité central d'entreprise, de son projet :
- jusqu'à 314 licenciements sur le site de Toulouse (31) et le transfert de la quasi-totalité des activités de production vers Gimont (32), le Mexique, le Brésil et la Bulgarie ;
- la vente du terrain du siège toulousain, dont une partie serait maintenue en location ;
- la fermeture à Tarbes (65) de l'usine Latelec, filiale spécialisée dans la conception et la production de systèmes d'interconnexion ;
- la cession de Latécoère Services, autre filiale attachée à la fourniture de prestation de services d'ingénierie ainsi qu'à la conception et la production d'outillages.
Le compte, social et industriel, n'y est pas. La création d'un nouvel établissement dans la Ville rose n'y change rien. « La question se pose : est-ce la fin programmée de toute activité industrielle du groupe Latécoère à Toulouse, voire en France ? En tout cas nous, CGT, refusons cette perspective. »
QUAND APOLLO ET MONARCH JOUENT À « CASH-CRASH »
Le délégué syndical travaille pour la maison-mère du groupe spécialisé dans la conception et la construction d'éléments de fuselage et de portes, au sein de l'établissement situé rue de Périole à Toulouse. La sidération le dispute à la colère : « On a le sentiment que ces décisions ont été précipitées. »
La période de congés qui débute d'ici à la fin de la semaine prochaine, pour une durée de trois semaines, tendrait à confirmer l'hypothèse du militant. Mais la rapidité d'exécution choisie par la direction trouve sa source dans la stratégie mise en place par les fonds d'investissements anglo-saxons Apollo et Monarch, qui contrôlent le groupe Latécoère depuis le printemps dernier : valoriser des actifs plutôt que développer l'outil industriel.
Les salariés, cols bleus comme cols blancs, observent inquiets, mais se déclarent réfractaires à toute nouvelle douche froide : « La première concernait les salaires et débouchait en décembre dernier à une grève que le groupe n'avait pas vécue depuis 1972 en Midi-Pyrénées, conclut Florent Coste. Le triple projet qui vient d'être annoncé pourrait être la seconde : aussi loin que l'on se souvienne, Latécoère n'a jamais connu de licenciement. »
Ni, comble de l'ironie, une telle santé économique et financière : 24 millions d'euros de résultat opérationnel et un carnet de commandes équivalent à près de 4 ans de chiffre d'affaires en 2015, notamment. Alors non, décidément non, le compte n'y est pas.
De la lucha dans l'air ?
Si les salariés du groupe Latécoère commencent à ruer dans les brancards, ils optent également pour d'autres appuis.
Tandis que Force Ouvrière et la CFE-CGC détenaient depuis trente-cinq ans la majorité au sein des instances représentatives du groupe, elles ont cédé leur place à la CGT depuis les dernières élections professionnelles organisées voilà 2 mois : « Une première, conclut Florent Coste. Mais le fruit d'un travail devenu crédible, d'une pratique et d'un discours toujours cohérents. »