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INDUSTRIE

À Commentry, 2000 personnes contre les licenciements chez Erasteel

17 novembre 2025 | Mise à jour le 17 novembre 2025
Par | Photo(s) : CGT Allier
À Commentry, 2000 personnes contre les licenciements chez Erasteel

La société Erasteel, spécialisée dans les aciers rapides, a annoncé la suppression de 280 postes, essentiellement en France et en Suède, dont 190 à Commentry dans l'Allier.

À Commentry, la colère gonfle depuis l'annonce, le 3 novembre 2025, de 190 suppressions d'emplois chez Erasteel. Vendredi 14 novembre 2025, environ 2.000 personnes ont défilé dans les rues de la petite ville de l'Allier pour dire non à un plan social qui menace non seulement une usine historique, mais tout un bassin de vie. La mobilisation a largement dépassé les murs de l'usine.

« Ne touche pas à ma forge », « Commentry debout, pas à genoux ». Derrière les slogans, une même détermination. Un salarié d'Erasteel résume le sentiment général : « J'ai une famille à nourrir. Cette annonce, c'est un gros coup derrière la tête. » Fondée en 1846, Erasteel n'est pas une usine comme les autres. Longtemps propriété du groupe Eramet, l’entreprise appartient au fonds belge Syntagma Capital depuis 2023. Elle produit de l'acier rapide et, depuis 2016, recycle piles et catalyseurs pétroliers. Une activité stratégique unique en France.

En plein dans les enjeux de souveraineté industrielle

Le paradoxe alimente l'incompréhension. « Sur l'acier rapide, la concurrence est rude, on peut l'entendre. Mais sur le recyclage, il y a des commandes et nous sommes les seuls en France. On est en plein dans les enjeux de souveraineté industrielle », insiste Dorian Durban, délégué CGT.  « D'autant que dans le même temps, le groupe propriétaire construit une usine aux activités identiques en Savoie, dotée de 31 millions d'euros de subventions publiques. C'est une aberration. La direction nous fait fermer pendant qu'elle finance ailleurs la même activité, avec les mêmes équipements », dénonce le délégué CGT. Plus tôt dans la journée, les syndicats ont été reçus à la sous-préfecture de Montluçon, en présence du ministre de l'Industrie Sébastien Martin. Le gouvernement dit vouloir « des éclaircissements » sur la stratégie du groupe et sur l'usage des aides publiques précédemment versées. « Nous avons décidé Bercy pour qu’un groupe de travail planche sur ce sujet. Notre premier rendez-vous est prévu le 25 novembre » annonce Laurent Indrusiak, secrétaire général UD de l’Allier.

Un séisme pour la commune

Laurent Indrusiak parle d’une « annonce vraiment traumatique pour le bassin d'emploi et pour le département  ». Le plan social annoncé toucherait 90 % des effectifs. Un séisme pour une commune qui compte à peine 6.000 habitants. « L'usine était là avant la ville, elle a structuré toute l'activité locale », rappelle Dorian Durban. Les commerçants redoutent l'effet domino sur l’économie, les élus du territoire étaient aux côtés des manifestants. « 2000 personnes à nos côtés, ça donne de la force pour les semaines à venir », souffle le délégué CGT. Sur le terrain, l'heure est à la défense du site. La prochaine manifestation est prévue le 2 décembre. À Commentry, derrière la façade d'une usine, toute une ville se bat pour son avenir.