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INDUSTRIE

A Lardy (Essonne), la CGT Renault redoute la délocalisation d'emplois d'avenir

20 décembre 2021 | Mise à jour le 20 décembre 2021
Par | Photo(s) : DR
A Lardy (Essonne), la CGT Renault redoute la délocalisation d'emplois d'avenir

Engagée dans la transition du thermique vers l’électrique, la filière automobile française profite d’importants soutiens de l'État qui se chiffrent en milliards d’euros d’aides publiques. En dépit de quoi, les politiques de délocalisations vers des pays « low-cost » se poursuivent et s’accélèrent, au risque d’anéantir une industrie de premier rang, qui emploie quelques 70 000 salariés. Emblématique, le cas du centre d’étude moteurs de Renault Lardy, en cours de délocalisation en Roumanie.
Après avoir arrosé la filière automobile de 8 milliards d’euros en 2020 pour faire face à la crise sanitaire et soutenir sa mutation vers l’électrique, le gouvernement a annoncé de nouvelles aides au constructeurs automobiles: quelques 2,5 milliards d’euros, cette fois-ci assortis d’une contrepartie de bon sens: « relocaliser la production automobile sur le territoire français » , avait indiqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, en avril dernier.
Le 26 octobre, il réaffirmait sa proposition et allait encore plus loin en promettant des baisses d’impôts, des mesures de soutien aux investissements via la BPI et des simplifications. En échange de quoi, le ministre appelait à « relocaliser les chaînes de valeurs des produits en France » , afin de maintenir les emplois à valeur ajoutée. Autant de « contreparties » à priori louables, mais dans les faits si peu contraignantes qu’elles risquent de produire l’inverse de l’effet recherché.

Démantèlement organisé

En témoigne le cas de Renault Lardy, dans l’Essonne: voici un site qui concentre historiquement ces fameux emplois dits « à forte valeur ajoutée », soit quelques 2000 ingénieurs, cadres et techniciens censés développer les moteurs hybrides et électriques du futur. Or, depuis 2019, 800 emplois d’ICT ont été détruits à Lardy pour être délocalisés en Roumanie, pays à très bas salaires. Et ce n’est pas fini puisque 400 emplois (chez les ICT sous-traitants du site) et 150 de Renault devraient être supprimés dans les mois à venir, estime Florent Grimaldi (délégué syndical CGT) qui redoute et dénonce « un démantèlement organisé de longue date » .
Pour justifier ses craintes, plusieurs signaux: un budget d'investissements divisé par 2 depuis 2019, qui ne remonte pas malgré les aides publiques; une baisse de 30% du budget global de R&D, soit -1,5 milliard d'euros par an; l’abandon de l’investissement dans les bancs d’essai qui, de 100 en 2018 sont passés à 50 aujourd’hui et dont seulement 15 sont dédiés aux tests des moteurs électriques: « D’où notre revendication de développer les bancs d’essai électriques, d’investir les aides publiques en R&D et de convertir le salariés issus du thermique, au lieu d’en délocaliser les emplois », plaide Florent Grimaldi.
Plus significative, l’annonce du 13 décembre, lors d’un amphithéâtre avec les salariés de Lardy où la direction a exposé son intention de mettre fin à tous les développements thermiques et hybrides en France d’ici 2025 pour les délocaliser vers la Roumanie et l'Espagne. Le tout, couronné par la signature d'un accord central signé mi-décembre avec trois syndicats (CFDT-CFE-CGC-FO). Cyniquement intitulé « Re-Nouveau France 2025 », il vise à « placer la France au cœur de la stratégie du groupe », moyennant la création de 2500 emplois .. .en contrepartie de 1750 départs volontaires programmés par ce même accord triennal, cherchez l’erreur !

Développement du moteur à hydrogène en Espagne

Comble de la désinvolture, la direction de Renault a aussi annoncé le lancement de travaux de recherche dans le domaine très prometteur du moteur à hydrogène. Mais en précisant qu’en cas de débouchés commerciaux, le développement de cette technologie serait basé en Espagne. « On nous annonce la délocalisation programmée d’activités structurantes, sans plan de reconversion des salariés actuels, sans perspectives d’avenir », a déploré Florent Grimaldi lors d’une récente conférence de presse. En attendant que les conditionnalités des aides de l'État soient précisées, la CGT-Lardy continue de dénoncer les choix de délocalisation guidés par la volonté d'accroître les profits en baissant les salaires. Dans le droit fil des annonces de Bruno Le Maire, elle revendique des emplois en France, au service d’une mobilité moins polluante et des investissements répondant à cet impératif: « Nous convertir au lieu de nous faire partir » .