Les personnels de l’Éducation appelés à se mobiliser
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« Les classes de CP n'auront désormais que 12 élèves ». Le gouvernement communique beaucoup sur cette mesure pour se forger un capital sympathie solide. Mais attention : si, à terme, la règle est destinée à être étendue à toutes les classes de CP, et certaines classes de CE1, pour le moment, seules les classes de CP des zones les plus défavorisées, REP+, sont concernée. Au total, environ 2 200 classes de primaire sont concernées cette année, et c'est une bonne nouvelle pour lutter contre les inégalités. Mais pour le reste, il faudra attendre la prochaine rentrée.
En fait, « les promesses n'engagent que ceux qui y croient », ironise Patrick Désiré, secrétaire général de la CGT Éduc’Action. S'il salue l'esprit de la réforme, le syndicaliste s'inquiète cependant de sa mise en œuvre. « Si l'on veut réellement dédoubler le nombre de classes, peut-être faudrait-il créer quelques postes ? » s'interroge, ironique, Patrick Désiré. Pour le moment, afin d'assurer l'augmentation des effectifs du personnel enseignant qu'implique la mesure, les inspecteurs d'académie vont devoir piocher dans d'autres ressources. De plus, il faut également loger ces nouvelles classes. Si la mesure figurait déjà dans le programme du candidat Macron, les quatre mois qui ont séparé son élection de cette rentrée n'ont pas permis de pousser les murs.
L'annonce, au cours de l'été, de la baisse des allocations logement (APL) a fait bondir les étudiants. À partir du 1er octobre, les foyers les plus modestes — parmi lesquels beaucoup d'étudiants, mais également des retraités et autres travailleurs pauvres — devront faire face à une baisse de leur allocation d'environ 5 euros. De l'huile sur le feu pour une population déjà scandalisée par les problèmes d'affectation dans les facultés de France, dont certaines ont dû se résoudre à tirer au sort les candidats afin de faire face au nombre de postulants.
Pour Patrick Désiré, cela participe d'un système de reproduction des inégalités qui touche également les 1er et 2d degrés. L'abandon d'une partie de la réforme du collège, portée, à l'époque, par Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que l'ouverture de rythmes scolaires « à la carte » en fonction de municipalités participe à un mouvement qui « reproduit les inégalités au lieu de les corriger », assure le syndicaliste, ainsi, selon en fonction des territoires, les élèves auront accès à certains enseignements ou activités périscolaires ou non. Idem pour la réforme du bac qui introduira, à terme, une part majeure de contrôle continu. L'étudiant ne sera plus détenteur d'un baccalauréat national, mais, en fonction de son origine géographique, d'un baccalauréat d'un lycée de Saint-Denis ou de Tours.
D'ailleurs, Patrick Désiré pointe du doigt les évaluations nationales au niveau du CP et de la 6e qui permettraient, selon lui, de « classer » de facto les établissements, et aux parents qui en ont les moyens de choisir où étudieront leurs enfants.
Ces réformes ont été menées au pas de charge. Installé en mai dernier, le nouveau gouvernement n'a eu que quatre mois pour travailler sa copie avant la rentrée. Les syndicats ont pourtant été reçus par le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, mais comme pour la nouvelle « loi Travail », déplore Patrick Désiré, « je ne sais pas s'il faut parler de concertation, mais plutôt de rencontres bilatérales, quelques rencontres multilatérales (…), beaucoup de “communication”, mais les choses sont réglées d'avance. »
« On nous informe, on nous présente les choses, mais on ne peut pas dire que l'on soit entendu », poursuit Patrick Désiré, qui aurait préféré des avancées en termes de rémunération des enseignants et de lutte contre la précarité du personnel éducatif.
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