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Privatisation

À Orly, élus et syndicats inaugurent l'acte II contre la privatisation d’ADP

23 avril 2019 | Mise à jour le 7 mai 2019
Par | Photo(s) : Philippe Lopez / AFP
À Orly, élus et syndicats inaugurent l'acte II contre la privatisation d’ADP

Déterminée à invalider la privatisation d'ADP, l'intersyndicale CGT, Unsa et FO s'est invitée, le 18 avril, devant les portes du nouveau terminal d'Orly au moment de son inauguration par Édouard Philippe, Premier ministre. Conviés à célébrer l'évènement officiel, une vingtaine d'élus de gauche sont venus soutenir les syndicats.

Tandis que le Premier ministre, Édouard Philippe, inaugurait jeudi 18 avril l'ouverture du nouveau terminal 3 de l'aéroport d'Orly, une intersyndicale CGT, Unsa et FO d'Aéroports de Paris s'est invitée devant les portes du bâtiment flambant neuf et de son splendide mur d'eau. Dès 10 heures, les mégaphones ont entonné les revendications : contre la privatisation d'ADP. Contre ce que les 400 militants venus manifester considèrent comme une confiscation du bien public au profit d'intérêts économiques privés et au détriment de l'intérêt général des citoyens. Contre la loi Pacte, pourtant votée une semaine plus tôt par l'Assemblée nationale et qui entérine, de facto, la privatisation d'ADP. Contre la politique générale du président Macron.

Peser sur le Conseil constitutionnel

Vers midi, divers élus, sénateurs, députés, maires, etc. invités à participer au rituel du champagne-petits-fours inaugural du terminal 3, ont préféré rejoindre les manifestants pour soutenir leurs revendications et donner de la visibilité à leur mobilisation. Alternant les prises de paroles publiques, ils et elles ont réaffirmé leur opposition à cette privatisation et leur détermination à poursuivre le combat en vue d'invalider cette décision votée par la majorité présidentielle.

« Nous avons réussi à faire en sorte que le Sénat votre contre cette privatisation, ce qui veut dire que l'essentiel des forces politiques de ce pays, à part la LREM, y sont défavorables », a d'abord rappelé Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (groupe CRCE).

Invitant les syndicats d'ADP à poursuivre la bataille engagée, qui a déjà porté ses premiers fruits en permettant aux sénateurs de se coaliser d'un bout à l'autre de l'échiquier politique contre cette privatisation, Marie-Noëlle Lienemann a inauguré l'acte 2 de la lutte contre la cession d'ADP par l'État : « Il faut maintenant se doter des moyens d'un rapport de force pour enrayer la mécanique. et peser sur le Conseil constitutionnel qui doit rendre son avis à notre demande de RIP (référendum d'initiative partagée) ».

Dans le droit fil des déclarations de Christian Favier, président du conseil général du Va-de-Marne, intervenu avant elle, la sénatrice a insisté sur l'importance de la poursuite de la mobilisation syndicale et citoyenne : « Nous devons adresser un message au Conseil constitutionnel qui est le garant du bon fonctionnement de la République, donc du fait que le peuple soit entendu », a-t-elle réaffirmé.

Un président « commissaire priseur »

Assurant les militants syndicaux « qui se battent comme des lions » de son plein soutien, l'adjoint à la maire de Paris, Ian Brossat a relié la privatisation d'ADP à la politique d'austérité menée par le président Emmanuel Macron : « Ce n'est plus un président de la République, c'est un commissaire priseur qui veut tout céder au privé : ADP, la Française des Jeux, Engie, les barrages hydrauliques, et cela, à l'appui d'arguments qui n'ont aucun sens » a-t-il dénoncé.

Et d'évoquer, pour illustration, un récent échange avec un député de la LREM qui comparait la privatisation d'ADP avec la privatisation de la collecte des déchets pour justifier la pertinence de la cession de la gestion des aérogares au secteur privé, « Alors que les aéroports sont des infrastructures si stratégiques que 86 % d'entre eux dans le monde sont en gestion publique », a fait valoir Ian Brossat.

Organisatrice de cette manifestation intersyndicale, Isabelle Bigand, déléguée syndicale CGT ADP Orly, se félicite de la réussite de la mobilisation qui aura rassemblé près de 400 personnes et une vingtaine d'élus à l'occasion, bien ciblée, d'une célébration officielle stratégique : « L'inauguration de cette jonction Orly Est — Orly Ouest, c'est le symbole même de la privatisation d'ADP, un habillage de la mariée pour mieux la vendre, le faire-valoir pour la privatisation, on ne pouvait pas ne pas s'en saisir pour donner de la visibilité à notre combat », a expliqué la syndicaliste.

Le référendum d'initiative populaire à l'épreuve de sa mise en œuvre

Engagée depuis 2017 – soit dès les premières annonces d'intention de privatiser ADP faites par Emmanuel Macron – Isabelle Bigand se réjouit de la toute récente décision de justice qui annule la privatisation de l'aéroport de Toulouse Blagnac et ordonne sa renationalisation. Un point d'appui, et non des moindres, pour continuer le combat pour ADP : « Tous les exemples de privatisation, notamment celles des autoroutes et de l'aéroport de Blagnac, aboutissent à ce constat d'immense gâchis et de gros dégâts aux frais des contribuables », a-t-elle souligné ;

La mécanique complexe du RIP

Reste à savoir quelles suites seront données par le Conseil constitutionnel à la demande de RIP (référendum d'initiative partagée) présentée par les syndicats et les élus du Sénat. Plutôt confiant, Pierre Laurent (sénateur, groupe CRCE) considère que la proposition de RIP est blindée : « Elle correspond exactement aux critères de la loi : il y a 218 parlementaires signataires donc, techniquement, le Conseil constitutionnel n'a pas à priori pas de raisons de la rejeter ».

Et de nuancer : « En revanche, la mécanique de mise en œuvre du RIP, qui relève du ministère de l'Intérieur, pourrait s'avérer plus complexe », a-t-il suggéré. Il s'agira, en effet, de mettre en place un site officiel où les 4,5 millions de citoyens appelés à s'exprimer devront faire la démarche proactive de s'inscrire pour pouvoir se prononcer pour ou contre la privatisation d'ADP.

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