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CHÔMAGE

À Paris, les privés d'emploi et précaires exigent l’abrogation du décret anti-chômeurs

22 février 2019 | Mise à jour le 22 février 2019
Par | Photo(s) : CGT Chômeurs et précaires
À Paris, les privés d'emploi et précaires exigent l’abrogation du décret anti-chômeurs

Nouvelle manifestation intersyndicale contre le décret anti-chômeurs, vendredi 22 février à Paris. Parti de Gare du Nord à 9 h 30, le cortège d'une centaine de manifestants a atteint le centre de contrôle Pôle emploi de Boulevard Ney (Paris 18), pour l'envahir.

Il ne passe définitivement pas et n'en finit plus d'attiser la contestation. Adopté par surprise le 30 décembre, après les « concessions » du gouvernement aux gilets jaunes et entré en vigueur le 1er janvier 2019, ce volet de la loi Avenir professionnel de lutte contre le chômage par le renforcement du contrôle des chômeurs prend des allures de « vengeance » de l'exécutif contre les « rien » qui coûtent un « pognon de dingues ».

Rebaptisé « décret anti-chômeurs » par celles et ceux qui en subissent les très lourds effets (radiations intempestives avec suppression de l'allocation de chômage) ce décret de loi est âprement contesté par un nombre croissant d'organisations syndicales et associatives de lutte contre la précarité et pour le droit effectif à l'emploi digne. À l'unisson, cette intersyndicale en lutte depuis fin janvier partout en France exige le retrait pur et simple du décret du 30 décembre.

Guerre aux chômeurs

Après les épisodes d'envahissement des centres régionaux de Rennes (Morbihan) et d'Andrézieux-Bouthéon (Loire) survenus entre fin janvier et début février, une nouvelle séquence de mobilisation a eu lieu vendredi matin 22 février, à Paris.

Réunis à Gare du Nord à 9 h 30, une centaine de militants issus de divers collectifs de privés d'emploi et de syndicats de Pôle emploi (CGT, EPEIS, MNCIP, SUD, SNU) se sont dirigés en cortège jusqu'au centre régional de contrôle des chômeurs situé au 78, boulevard Ney (Paris 18e), pour l'envahir, jusqu'à en être évacués par les forces de l'ordre.

« Nous contestons avec la plus grande détermination la mise en place de ces centres de contrôle et la multiplication par cinq des équipes de Pôle emploi affectées à la traque renforcée des privés d'emploi auxquels l'État dénie leurs droits à l'emploi et à l'indemnisation du chômage, alors qu'ils y ont cotisé en amont », affirme Tennessee Garcia, secrétaire général du comité confédéral CGT « Privés d'emploi et précaires ». Et de poursuivre : « nous dénonçons la supercherie d'une prétendue volonté de lutter contre le chômage qui s'avère en réalité une guerre aux chômeurs ».

Un millier d'agents pour traquer les chômeurs

Comme prévu par le décret du 30 décembre, le nombre d'agents de Pôle emploi affectés à la surveillance stricte des chômeurs est passé de 215 en 2018 à 1000 agents en 2019. Et cela, au détriment de l'activité accompagnement du chômeur vers le retour à l'emploi, mission en passe de devenir optionnelle.

« L'accompagnement, c'était la mission de service publique native de Pôle emploi. Elle est aujourd'hui clairement abandonnée, remplacée par la mission de traque des chômeurs, autrement dit, c'est “surveiller et punir” », analyse Tennessee Garcia.

D'où l'appellation de « radiateurs » attribué aux agents transférés dans ces centres régionaux et dont la principale mission consiste à diminuer artificiellement le taux d'inscrits sur les listes de Pôle emploi, par tous les moyens. Ces agents sont chargés de faire la chasse à ces supposés « profiteurs » que seraient les chômeurs. Officiellement, il s'agirait juste de les « responsabiliser », mais officieusement, c'est bien de radiation qu'il est question. D'ailleurs, le public demandeurs est de plus en plus souvent relégués à contacter son agence via les plates-formes téléphoniques et numériques pour la gestion de sa situation de précarité et de recherche d'emploi. Et tant pis pour ceux qui ne sont pas connectés…

Retour au travail forcé et gratuit

« Tout est fait pour dissuader le privé d'emploi de s'inscrire sur les listes du chômage ou, le cas échéant, pour inciter le chômeur à accepter n'importe quel travail, à n'importe quel salaire. On s'achemine vers une politique du travail forcé et/ou gratuit, comme c'est aussi le cas des ayants droit au RSA », dénonce encore le syndicaliste.

En faisant valoir que de tels subterfuges ne parviendront jamais à masquer la réalité du chômage, les opposants au décret du 30 décembre rappellent cette réalité mathématique brute : 6 millions de demandeurs d'emploi recensés dans le pays versus 300 000 offres d'emploi disponibles chez Pôle emploi. Cherchez l'erreur !

En envahissant le centre régional de contrôle d'Île-de-France, les manifestant ont réaffirmé leur revendications : abrogation du décret anti-chômeurs, retrait des lettres de cadrage du gouvernement sur l'assurance chômage, indemnisation de 100 % des chômeurs privés de leur droit au travail.