Loi immigration : camouflet pour le gouvernement
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«À un certain moment, on doit exister. Et pour être régularisé, on est obligé de se dévoiler» explique Ibrahim Tall, porte-parole CGT des 300 travailleurs sans papiers qui, depuis le 10 juin, occupent jour et nuit les agences intérim Adecco de Montigny-le-Bretonneux et Randstad de Poissy. La plupart d'origine africaine, ces derniers en ont assez de la clandestinité dans laquelle ils vivent et travaillent en France, certains depuis plus de dix ans.
Les retards du Prisme
Ils se retrouvent dans l'intérim, dans la restauration, dans le nettoyage, dans l'automobile ou le bâtiment. «Mais les employeurs profitent de notre situation pour ne pas payer toutes nos heures. Nous sommes aussi exposés à l'amiante et à d'autres dangers sans aucun équipement de protection, les accidents sont nombreux» rapporte encore Ibrahim. Pour travailler, beaucoup de sans-papiers ont dû déclarer un nom qui n'est pas le leur. Cela ne les empêche pas de s'acquitter de leurs cotisations, tout en étant privés des droits qui sont attachés.
La situation est bien connue des employeurs. Pour régulariser, ils doivent délivrer un certificat de concordance. Sauf que dans les Yvelines, le Prisme (syndicat patronal de l'intérim) semble traîner les pieds bien plus qu'ailleurs pour le faire. De son côté, la préfecture, elle aussi, n'aide pas vraiment: «Quand un dossier est déposé dans le 78, on ne nous donne qu'un certificat de dépôt, mais pas les documents pour une promesse d'embauche.» Dans ce département, difficile de voir appliquer «la circulaire de régularisation de novembre 2012 qui dit clairement que le patron doit accompagner la procédure», poursuit Ibrahim.
La CGT dans le mouvement
L'initiative d'occupation des agences d'intérim n'est pas un simple mouvement spontané. Les travailleurs sans papiers du 78 sont organisés à la CGT et ont réfléchi sur cette action depuis près d'un an avec le soutien de l'union départementale CGT. Se syndiquer, s'organiser lorsqu'on est sans droits et sans papiers n'a rien d'évident. Pour autant, les quelque 300 personnes qui se relaient dans les agences d'intérim sont quasiment toutes syndiquées. Et celles qui ne l'étaient pas avant l'action le sont devenues pendant, ainsi qu'en attestent les 47 nouvelles cartes syndicales remises ces derniers jours sur la seule agence de Montigny.
La CGT est ainsi pleinement légitime dans l'attente des négociations qu'elle réclame auprès des employeurs pour obtenir les contrats de travail et les certificats de concordance. Elle l'est tout autant pour exiger des conditions de travail décentes, et enfin elle est aussi disponible pour discuter avec le ministère du Travail de l'amélioration de la circulaire de régularisation de novembre 2012. En attendant, le mouvement lancé dans les Yvelines pourrait bien faire tâche d'huile. D'ores et déjà des travailleurs sans papier CGT des Hauts-de-Seine ont commencé à rejoindre leurs camarades des Yvelines.
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