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LIVRE

Art de vivre, art d'écrire

18 février 2015 | Mise à jour le 20 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Art de vivre, art d'écrire

Premier écrivain haïtien/québécois à entrer à l'Académie française, Dany Laferrière – actuellement en résidence d'auteur à Paris- pourrait bien faire souffler un vent de fantaisie sous la Coupole.

A 62 ans, fort de cette hybridation et de cet humour qui lui font dire que « son pays, c'est l'avion », Dany Laferrière, auteur d'une vingtaine de romans et récits traversés par la veine autobiographique est né et a passé une vingtaine d'années de sa vie dans l'île, entre Petit-Goâve, avec sa grand-mère, et Port-au-Prince avec sa mère.

Son père, Windsor Klébert Laferrière, qui fut un très jeune et très radical maire de Port-au-Prince, dut s'exiler au Québec pour échapper aux tontons macoutes de Papa Doc. Dany avait quatre ans. Il ne reverra jamais ce père, dévasté par l'exil, ainsi qu'il le raconte dans « L'énigme du retour » (Grasset).

Depuis son premier roman « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer », Dany Laferrière a trouvé son écriture. A la fois profonde et légère, drôle et grave, provocatrice et accessible, avec cette simplicité qui s'appuie nonchalamment sur une grande culture. Ayant vécu plus de trente ans au Québec – il fut contraint de fuir précipitamment Haïti pour échapper au même sort que son meilleur ami et alors confrère, journaliste abattu par les sbires de Jean-Claude Duvalier- Dany Laferrière demeure habité par son enfance. Elle est omniprésente dans ses ouvrages et contée dans une langue française sensuelle qu'il pratique et apprécie depuis sa prime jeunesse.

Son dernier ouvrage paru en France « L'art presque perdu de ne rien faire » (l'écrivain a le génie des titres !) est un ensemble de chroniques et se moque d'être appelé récit, nouvelles ou autres. Dany Laferrière le dit lui-même « il écrit comme il vit ». Un peu ici, un peu ailleurs, en nomade de la forme à la fois amateur et dilettante –aux sens nobles- se disant paresseux mais écrivant sans cesse.
Il n'a pas oublié qu'il est autodidacte et, en bon haïtien, passionnément amoureux des livres (sa mère était bibliothécaire), ni qu'il travailla en usine quelques années lors de son arrivée à Montréal, ou que la pauvreté et la violence n'ont jamais abattu l'énergie phénoménale du peuple haïtien.

Il faut lire « Pays sans chapeau » (Le serpent à plumes) pour comprendre l'intime imbrication entre la vie et la mort dans l'âme haïtienne, « Je suis un écrivain japonais » ou « Journal d'un écrivain en pyjama » (Grasset) pour goûter l'humour et l'ironie de celui qui accueille tout succès avec distance, « Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? », fresque bigarrée démontant le mythe du rêve américain et « Tout bouge autour de moi » (Grasset) pour l'exceptionnel et pudique témoignage du séisme qui a ravagé la région de Port-au-Prince le 12 janvier 2010.

 

En résidence d'auteur à Paris, Dany Laferrière donne rendez-vous à ses lecteurs :

le samedi 21 février à 15h30 à la Médiathèque Marguerite Duras (Paris XXe) pour « J'écris comme je vis : parcours entre vie et écriture » (sur réservation au 01 55 25 49 10)

et à la Bibliothèque de l'Hôtel de ville le mardi 3 mars à 18h30 pour « La bibliothèque idéale de Dany Laferrière » (sur réservation au 01 42 76 48 87).

 

« J'entends soudain le bruit mat
Que fait le livre en tombant par terre.
C'est le même bruit que faisaient
Les lourdes et juteuses mangues de mon enfance
Dans leur chute près du bassin d'eau.
Tout me ramène à l'enfance.
Ce pays sans père. »

 

Extrait de « L'énigne du retour » (Grasset), prix Médicis 2009.

 

Dany Laferrière nouvel académicien français