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DISCRIMINATIONS

Auchan city, souffrance en rayons

10 janvier 2017 | Mise à jour le 10 janvier 2017
Par | Photo(s) : Franck Crusiaux/Réa
Auchan city, souffrance en rayons

Caissière à Auchan City de Tourcoing, Fadila a été victime d'une fausse-couche à son poste de travail. Une affaire qui intervient trois mois après le scandale Stéphanie que la direction entendait licencier pour une erreur de caisse de 85 centimes.

Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Le 30 décembre 2016, le ministère du Travail se fendait d'un communiqué indiquant que ses services étaient intervenus pour provoquer la tenue en urgence d'un CHSCT au magasin Auchan-city de Tourcoing, où une caissière en contrat de professionnalisation avait fait une fausse-couche à son poste de travail. Une enquête devra déterminer les circonstances précises de l'accident qui s'est déroulé un mois auparavant, mais aurait pu passer inaperçu si l'intéressée n'avait eu le courage d'en parler au syndicat CGT de l'entreprise.

Fadila* raconte son calvaire : « Le 22 novembre, je suis arrivée à 14 h pour prendre mon service et j'avais des douleurs. J'ai averti l'accueil, mais j'ai travaillé jusque-là pause. À ma reprise, cela n'allait toujours pas et j'ai de nouveau appelé l'accueil. » En tout, Fadila passera trois autres appels à sa responsable pour lui signaler qu'elle n'allait pas bien et qu'elle devait quitter son poste pour se rendre aux toilettes, mais sa responsable était toujours occupée. À 19 h 50, une collègue arrive et constate le siège ensanglanté. Hospitalisée, la jeune femme rappellera le lendemain sa responsable qui se contentera de lui demander un justificatif pour avoir quitté son poste à 19 h 50 plutôt que 21 h… Comble de l'ignominie, elle aura aussi des retenues sur salaire pour… absence injustifiée.

Un management par la terreur

Auchan-City n'est pas comme les autres magasins du groupe. Les salariés n'y ont ni les mêmes droits ni les mêmes salaires. Habib Hamdoud, délégué CGT y subit un harcèlement quotidien depuis des années. « Au lendemain des attentats de Charlie, on m'a traité de terroriste. Après l'affaire Fadila, j'ai appris que la direction faisait circuler une pétition contre moi dans le magasin » explique Habib. Cependant, avant même l'affaire Stéphanie, Habib avait engagé une procédure de plainte contre les discriminations syndicales et raciales dont il faisait l'objet.

De multiples témoignages dûment signés établissent le dénigrement permanent dont fait l'objet le délégué CGT, en voici un extrait ; « Lorsque M. Hamdoud était en repos, il était la cible de tous les encadrants ; recherche de périmés (de produits périmés en vente dans son rayon, NDLR), pas de remplacement dans son absence de poste, brimades quotidiennes : bon à rien, travail d'Arabe, il vole des places de cinéma, il détourne l'argent du CE pour la CGT ». Son encadrant n'hésite pas à proférer des propos tels que : « Si tu continues à faire le malin de ne pas signer les accords (sur le temps de travail, NDLR), on va te coller une fiche S avant de t'expulser… ».

Avec leur syndicat, Stéphanie, Fadila, Habib et bien d'autres ont décidé de lever le voile sur les pratiques ignobles de l'Auchan City de Tourcoing. Le milliardaire Gérard Mulliez et ses soutiens n'en ont pas fini avec la CGT.