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Dans les bas-fonds américains

12 août 2017 | Mise à jour le 11 août 2017
Par | Photo(s) : Lani / Editions Monsieur Toussaint Louverture
Dans les bas-fonds américains

Thomas Callaghan alias Jack Black

Jack Black, bandit de grand chemin, raconte dans Personne ne gagne sa vie d'errance entre braquages et prisons au tournant du XXe siècle aux États-Unis. Un témoignage hors pair !

Incroyable vie que celle de Thomas Callaghan (1871-1932), alias Jack Black. Né dans le Missouri, orphelin de mère, il sera vite délaissé par son père et connaîtra très tôt la prison après de menus larcins. Une première expérience de la geôle où on lui administre trente coups de fouet le marquera à vie : « Mettez un jeune homme de l'âge que j'avais dans une prison telle qu'elles étaient à l'époque, et je vous garantis qu'il deviendra un criminel aussi vrai que la nuit suit le jour ou que le jour suit la nuit. » C'est là qu'il sera pris sous l'aile des Johnson, voleurs au grand cœur qui lui portent secours et lui enseignent les rudiments des braquages et des cambriolages. De rencontre en rencontre, Jack va parcourir l'Ouest américain jusqu'au Canada, se cachant dans les trains de marchandises, évoluant au milieu des « hobos » (vagabonds) et des « yeggs » (perceurs de coffres), s'évadant régulièrement des prisons pour mieux y retourner.

Sur le vif

« Le cambrioleur professionnel n'aime pas les gros ronfleurs, il préfère les respirations douces et cadencées. » Dans Personne ne gagne, Jack Black décrit par le menu ses forfaits, ses frissons quand il passe sa main sous l'oreiller d'une victime endormie, sa minutie pour effacer toute trace, ses combines pour se refaire quand l'argent vient à manquer… Cette vie d'errance dans les bas-fonds américains où il se perd dans les fumeries d'opium, il la raconte dans les moindres détails, de même que les conditions de détention désastreuses quand les matons usaient de la camisole pour faire avouer les détenus. Ce témoignage invraisemblable, publié d'abord en feuilleton dans la presse, paraît en 1926 et connaît un énorme succès. Le hors-la-loi s'est alors rangé, est devenu écrivain et a bataillé contre les traitements inhumains infligés dans les prisons d'alors. Si son récit fort bien mené — l'ex-taulard se révèle être un formidable conteur — est exempt de toute leçon de morale, il le conclut par un regard bien désabusé sur ces années d'aventures où régnait l'insouciance : « Que m'ont apporté tous ces cambriolages, braquages, vols en tous genres ? Sur les trente ans que j'ai passés dans ce monde souterrain, j'en ai écoulé quinze en taule. Mettons que j'ai palpé cinquante mille dollars pendant que j'étais en liberté. Ça fait environ neuf dollars par jour ».

Personne ne gagnede Jack Black, traduit de l'américain par Jeanne Toulouse. Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 532 pages, 14,50 euros.