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SALAIRE

Black Friday en grève pour les salaires chez Sephora

24 novembre 2021 | Mise à jour le 1 décembre 2021
Par | Photo(s) : Sameer Al-DOUMY/AFP
Black Friday en grève pour les salaires chez Sephora

À la veille du Black Friday, temps fort commercial censé booster les ventes avant Noël, les salariés de Sephora appellent à la grève le 25 novembre pour réclamer de véritables hausses de salaires. Les 30 euros proposés par l'enseigne de parfumerie sont jugés insuffisants au regard des 93 millions d’euros de dividendes reversés au groupe LVMH, son unique actionnaire.

Ce n'est pas encore Noël chez Sephora. Face à la proposition de la direction d'augmenter les salaires de 0,5 %, soit environ 30 euros mensuels lors des NAO, la CGT de l'enseigne de parfumerie appelle à la grève le 25 novembre, en plein Black Friday, pour réclamer « une réelle augmentation de salaires et l'amélioration des conditions de travail ». Un rassemblement devrait avoir lieu devant le magasin Sephora de La Défense, côté parvis, à 14 heures.
« Nous avons lancé cet appel à la grève à la demande des salariés qui n'en peuvent plus, explique Jenny Urbina, déléguée syndicale CGT chez Sephora. Toutes les dépenses contraintes ont augmenté, il y a l'inflation… Or, les salaires des vendeuses chez Sephora dépassent à peine le Smic. Quand vous gagnez moins de 1 700 euros brut mensuels après dix ans de maison, c'est insuffisant. » Et de pointer les résultats insolents du groupe LVMH, seul et unique actionnaire du réseau Sephora, qui a, malgré la crise sanitaire et les fermetures de magasins induites, engrangé 70 millions d’euros de bénéfices en 2020. «Bien sûr, c'est moins qu'en 2019, où nous avions généré 203 millions d'euros de bénéfices, reconnaît la syndicaliste, mais enfin nous avons été en première ligne pour assurer l'ouverture des magasins et nous sommes adossés à un grand groupe de luxe. »

Changement de modèle de distribution

La crise sanitaire a eu un fort impact : les ventes en ligne se sont envolées au détriment de la vente directe. « Beaucoup de magasins ont fermé et une dizaine de boutiques devraient tirer le rideau dans toute la France d'ici mars prochain, pose la syndicaliste. Dans les autres, on réduit progressivement le personnel en ne remplaçant pas les départs, en ne renouvelant pas les CDI. Ils étaient une quinzaine de salariés dans le magasin parisien près de l’Hôtel de Ville, ouvert il y a sept ou huit ans. Aujourd'hui, ils ne sont plus cinq. Dans la période, avec le pic d'activité, ils ont le droit d'embaucher en intérim pour les fêtes, mais c'est tout. »

Derrière les paillettes, la précarité

« Quand on entre dans les magasins, tout est beau, tout est joli, c'est la magie de la beauté, mais en coulisse… explique Jenny Urbina. Certains magasins, comme celui de Gare du Nord, n'ont même pas de toilettes et la salle de pause ressemble à un placard. » Le sentiment domine de faire partie des petites mains qui s'affairent à faire tourner les boutiques dans un contexte de forte tension dans le secteur de la distribution. Le personnel de l'enseigne est à 90 % féminin et «une bonne part d'entre elles sont des mères célibataires qui font face à des situations précaires», ajoute la syndicaliste. Et de signaler que « certains salariés dorment dans leur garage, dans des foyers… et ne peuvent risquer de perdre leur emploi. »

Revendications de la CGT

La CGT réclame au groupe LVMH davantage de pouvoir d'achat mais aussi de nouvelles embauches. Elle revendique concrètement : une augmentation générale des salaires de 180 euros pour tous ; l'instauration du treizième mois ; l'amélioration des conditions de travail en passant par des embauches ; le versement de la prime Macron ; la fin de la précarité, avec notamment davantage de logements disponibles avec Action Logement.