Les personnels de l’Éducation appelés à se mobiliser
Salaires, effectifs, déroulements de carrière, les annonces de Jean-Michel Blanquer pour cette rentrée ne rassurent pas les personnels de l’Éducation nationale. Au-delà du... Lire la suite
« Environ huit protocoles différents, des changements de doctrine réguliers et une bataille permanente pour obtenir des moyens qui permettent de garder les écoles ouvertes… et de continuer à faire notre métier de prof, alors que notre expertise n'est pas reconnue. C'est un sentiment général d'épuisement qui domine », résume Marie Buisson, secrétaire générale de la FERC CGT. De multiples fronts, en effet, sont ouverts.
Alors que débute la campagne des autotests Covid dans les lycées, le 10 mai, les élèves étaient censés être sensibilisés à leur usage par des tutoriels et le personnel devait être chargé de superviser le déroulement de ces tests.
« Mais de quel personnel parle-t-on ? Des infirmières et médecins scolaires, alors qu'ils et elles ne sont pas présents dans tous les établissements et que leur charge de travail hors tests reste la même ? », se demande la FERC CGT dans un communiqué intitulé « Alerte sur le déploiement des autotests ».
Pour le syndicat, « les autorités de santé doivent être chargées du déploiement de ces tests (…) il est hors de question que des personnels supervisent les autotests. Ils n'ont pas à assumer cette responsabilité et les conflits qui pourraient en découler ! »
Même son de cloche du côté du SNPDEN-Unsa, du SGEN-CFDT et de l'ID-FO qui signaient, le 5 mai, un communiqué commun valant « avertissement » où ils conseillent « très fortement » à leurs adhérents de ne prendre « aucun risque » avec les opérations de dépistage et de ne les réaliser que « si toutes, et uniquement toutes, les conditions sont remplies au regard des préconisations sanitaires ».
Alors qu'à la veille du week-end de l'Ascension, les autotests n'étaient pas encore disponibles dans toutes les académies, plusieurs chefs d'établissements, inquiets, ont réclamé des clarifications sur l'attribution des responsabilités en cas d'accident.
La crise sanitaire a mis en évidence une médecine scolaire en grande difficulté.
En 2017, un rapport de l'Académie de médecine tirait la sonnette d'alarme, mettant en évidence le manque de médecins scolaires : en 2006, ils étaient encore 1400, en 2016, 1000, en 2018, ils étaient 990. Début 2020, ils n'étaient plus 900 pour 12,5 millions d'élèves alors que les missions de la médecine scolaire sont à la fois essentielles et diverses : détection de troubles de l'apprentissage ou du comportement, visites médicales obligatoires, prévention, accompagnement des élèves en situation de handicap…
Sans compter que la répartition des médecins de l'Éducation nationale est très hétérogène ; un médecin peut avoir en charge de 2 000 à 46 000 élèves, selon le territoire, et le rapport de souligner que cette « carence menace la qualité et l'égalité du dépistage précoce et de la prévention, en particulier pour les grands problèmes de l'adolescence : échec scolaire, addictions, obésité, troubles neuropsychiques ». Un constat que partage la syndicaliste pour qui « il faudrait recruter massivement si on veut faire de la prévention, et particulièrement par temps de crise sanitaire. »
Un autre sujet de préoccupation concerne les modalités des examens de fin d'année. Face à l'inquiétude des élèves de terminale, qui réclamaient l'annulation de l'oral de philo et du tout nouveau « grand oral », l'épreuve finale de philosophie sera finalement maintenue, mais « on maintiendra la meilleure des deux notes entre le contrôle terminal et le contrôle continu », a concédé Jean-Michel Blanquer.
« Il reste au milieu du guet, regrette la syndicaliste. On sait bien que les oraux sont une épreuve parmi les plus discriminantes socialement. Ce sont davantage les aptitudes à s'exprimer à l'oral que le contenu du programme lui-même qui est en jeu. Or, avec la quantité de cours qui ont basculé en distanciel… » Et de regretter que le temps passé par les profs à réviser ce grand oral ne soit pas dédié à approfondir les connaissances pour mieux préparer la rentrée des élèves en septembre prochain.
Dans les lycées professionnels aussi, les candidats au CAP auront tout de même à passer, pour la première fois, « l'oral de chef-d'œuvre », une épreuve qui demande une grande préparation. « Or, on sait bien que l'année qu'on vient de traverser a rendu les choses compliquées, continue Marie Buisson. On a l'impression que le ministre, dogmatique, veut gagner, prouver que ses réformes sont les bonnes et refuse de reculer sur les points emblématiques desdites réformes, au mépris de l'intérêt des élèves. »
Salaires, effectifs, déroulements de carrière, les annonces de Jean-Michel Blanquer pour cette rentrée ne rassurent pas les personnels de l’Éducation nationale. Au-delà du... Lire la suite
Protocole sanitaire contraignant, conditions de travail détériorées, salaires en berne, réduction des libertés pédagogiques… à l’heure de la rentrée scolaire, les... Lire la suite