Capitale précaire

Traitée dans des tons chauds et un dessin précis par Alberto Madrigal, la découverte de Berlin par la jeune Margot, qui cherche à s'y installer pour « travailler dans la culture, la com' ou l'édition » va se heurter au principe de réalité.

Pour cette doctorante en philo venue d'une province française et pour qui Paris était inabordable et étouffant, la vaste et verte capitale allemande est un mythe, nourri de beaucoup de clichés. Un par un, Margot va découvrir que ces clichés explosent comme bulles de savon et qu'on n'est pas au pays des Bisounours.

Pour le logement, la colocation est le plus souvent de mise, car côté boulot, on lui propose derrière une vitrine conviviale et branchouille, des « minijobs » payés une misère, sans couverture sociale et dont le salaire est inversement proportionnel à l'investissement demandé au travailleur ramené en fait à un statut de stagiaire perpétuel.

À cet égard, son expérience dans une galerie d'art contemporain sera aussi édifiante que glaçante, car derrière les attitudes cool, c'est une exploitation éhontée qui est imposée.

La jeune Mathilde Ramadier, dont c'est le troisième album, signe une BD très juste, ancrée dans son époque et qui ne se berce pas d'illusions. Elle propose également un petit point socio-économico-historique en fin d'album pour expliciter le contexte de cette histoire où beaucoup de jeunes ayant tenté l'aventure berlinoise se reconnaîtront sans peine.

 Berlin 2.0 de Mathilde Ramadier et Alberto Madrigal.

Éditions Futuropolis. 94 p., 18 €.