Les près de 2000 cancers répertoriés chaque année sur la période 2013-2017 sont à mettre en perspective avec les « plus de 50 000 maladies professionnelles », liées majoritairement à des troubles musculo-squelettiques, reconnues annuellement.
La bombe à retardement « des pathologies à effet différé »
Ces cancers font office de « regard dans le rétroviseur », ils reflètent « ce qui s'est passé il y a 30, 40 ans en termes d'exposition professionnelle », car ce sont des « pathologies à effet différé », a observé Marine Jeantet, directrice des Risques professionnels. Citant une étude Santé Publique France, elle a par ailleurs souligné que l'exposition professionnelle était à l'origine de « 5 à 6 % maximum » des cancers. Parmi ces cancers professionnels, 80 % sont liés à une exposition à l'amiante (70 % de cancers du poumon, 30 % de mésothéliomes, le cancer de la plèvre aussi). Pour les autres, il s'agit principalement de cancers de la vessie, naso-sinusiens et de leucémies.
Hors amiante, interdit depuis 1997 en France, l'exposition aux poussières de bois, au benzène et aux goudrons, bitumes et asphaltes est à l'origine de la moitié des cas, ajoute l'assurance maladie.
Le profil type : un ouvrier 68 ans, du nord de la France, métallo ou du bâtiment et exposé à l'amiante
Tous types de cancers confondus, l'âge moyen des personnes touchées au moment de la reconnaissance en maladie professionnelle est de 68 ans (73 ans en moyenne pour les cancers de l'amiante, 56,5 ans pour les cancers liés au benzène) et les hommes sont très majoritairement concernés (96 %, contre un rapport 55/45 pour l'ensemble des cancers).
Les victimes de cancers professionnels sont des ouvriers. Dans 80 % des cas et ceux-ci se concentrent dans la moitié nord de la France, où sont implantées des activités concernées par l'utilisation passée de l'amiante (mines, chantiers navals, métallurgie…). Par secteurs, la métallurgie compte le plus grand nombre de cas (39 %). Viennent ensuite le BTP (24 %) et, dans une moindre mesure, l'industrie chimique et le secteur du bois (9 % chacun).