Et encore, jusqu'à vendredi dernier, la plate-forme d'admission post-bac (APB), qui gère les affectations à l'université, comptait 117 000 personnes en liste d'attente. Les 30 000 étudiants ayant obtenu une réponse entre temps ont jusqu'au 19 juillet pour accepter ou refuser la proposition faite. Les autres, encore en liste d'attente, n'ont d'autre recours que celui de la procédure complémentaire ouverte fin juin sur cette même plateforme et qui propose des places vacantes durant tout l'été, jusqu'au 25 septembre. La plateforme téléphonique SOS inscription a également été relancée par les syndicats étudiants et lycéens Unef et UNL soutenus par la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE).
Non-inscrits et inscriptions par défaut
Constance et réactivité seront les maîtres mots pour ces « SDF » de l'Université s'ils veulent postuler et avoir une possibilité d'entrer à l'Université à la rentrée prochaine. Car il ne s'agirait même plus de choisir sa filière. Les exemples d'étudiants inscrits par défaut dans une voie en attendant qu'une place dans celle souhaitée se libère sont nombreux. Pourtant, parmi les 87 000 étudiants en attente, 9 700 avaient placé en premier choix une filière sans tensions d'accueil et dans leur académie, ce qui aurait dû leur garantir une place.
Un gâchis pour une génération et pour le pays
Selon les chiffres officiels du ministère de l'Enseignement supérieur, le nombre de formations universitaires avec une liste d'attente aurait reculé de 115 fin juin à 92 aujourd'hui, des chiffres révélateurs d'« un système à bout de souffle », selon la ministre Frédérique Vidal. Hausse démographique, volonté accrue des bacheliers de poursuivre des études secondaires, défaut d'orientation au lycée…. depuis deux ans, les facs françaises doivent accueillir 40 000 étudiants supplémentaires chaque année. Une bonne nouvelle pour l'avenir du pays comme de ces nouvelles générations, mais qui se heurte donc au manque criant d'infrastructures et de moyens. Or, la tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2022. Les étudiants en réorientation sont par ailleurs désormais sur un pied d'égalité avec les primoarrivants, ce qui complique également la donne.
Sélections déguisées
Syndicats, étudiants, présidents d'université et représentants du ministère se retrouvent aujourd'hui pour un premier cycle de négociations afin de redéfinir les modalités d'entrée en fac. Parmi la vingtaine d'acteurs conviés figurent notamment les syndicats étudiants, la conférence des recteurs d'académie, la conférence des présidents d'université, les associations de parents d'élèves. Tous jugent indispensable une réforme du système, mais le sujet est sensible et leurs approches diffèrent parfois radicalement. Jusqu'ici, l'obtention du bac était la seule condition requise pour s'inscrire à la fac dans la filière de son choix. Mais le gouvernement évoque « un contrat de réussite étudiante », qui exigerait des prérequis pour réussir dans la filière visée ». La CPU y est favorable, mais les syndicats s'opposent à toute « sélection déguisée » et réclament un travail sur l'orientation des lycéens en amont, et une augmentation du nombre de places dans les universités.