18 mars 2020 | Mise à jour le 20 mars 2020
La France vit en confinement. Comment les salariés et les militants syndicaux s'adaptent à cette réalité ? Ceux qui travaillent de chez eux, ceux qui sont tenus de se présenter à leur poste… Chaque jour, la NVO vous raconte le quotidien des travailleurs à l'heure du Covid-19. Aujourd'hui, Moussa, chauffeur de bus aux Lilas (Seine-Saint-Denis).
Le calme est remarquablement inhabituel dans la rue Floréal, aux Lilas. La noria de bus si souvent remarquée aux abords du dépôt de la RATP s'est transformée en une quiétude — relative — les entrées et sorties se faisant plus rares.
La mise en place du confinement épargne les commerces et les services que le gouvernement considère comme essentiels, les transports en commun en faisant partie. Le taux de mise en service des services des métros, des tramways et des bus était indiqué comme normal, lundi par la RATP. Mais dès aujourd'hui, le niveau des tournées est tombé à 80 % selon les informations données au grand public.
Une baisse des niveaux d'activité jusqu'à lundi
Des agents finissant leur tournée se sont regroupés à l'arrêt Floréal et discutent mi-rigolards, mi-inquiets. Moussa (le prénom a été changé) a fini sa tournée, il confirme la baisse de charge : « dès ce matin ils nous ont dit qu'on baissait les niveaux. Et on s'attend à davantage ». Pour lui, il y aura nécessairement d'autres changements, puisque « des agents d'autres dépôts ont commencé à faire valoir leur droit de retrait ».
Un de ses collègues renchérit : « à partir de lundi, on va tomber à 50 %. On va avoir des changements dans nos horaires, plus de roulement, plus de repos. Mais on ne sait pas comment ça va se passer ».
Le gouvernement ayant en effet annoncé des diminutions progressives dans les réseaux de transport.
Des niveaux de protection contrastés
Les agents ont des approches bien différentes de la situation sanitaire. S'ils indiquent tous avoir reçu des protections qu'ils jugent suffisantes « sauf les masques, mais y en a plus partout », leur utilisation reste aléatoire. Les chauffeurs des bus qui passent sous nos yeux lors des échanges n'ont pas tous des gants.
Une affichette sur les portes avant des bus prévient qu'elles ne s'ouvriront qu'à moitié. Moussa et ses collègues, indiquent qu'à l'instar de tous les autres chauffeurs, ils ouvriront la porte de leur cabine pour bloquer la venue des passagers jusqu'à eux.
« On ne sait pas à quel niveau la désinfection des bus est assurée », indique un autre collègue. L'état de certains bus démontre qu'un nettoyage plus que sommaire, voire nul, a été fait. Laissant peu de place au doute quant à une systématisation des désinfections de chaque véhicule.
Il y a une bonne ambiance parmi les agents oui, mais on a de l'appréhension à aller au travail.
Ambiance mitigée et inquiétude présente
Les trois agents donnent des réponses contrastées sur l'ambiance qu'ils perçoivent et les sentiments d'inquiétude de leurs collègues du dépôt. Pour Moussa, « l'ambiance est bonne, même si on sait bien que le virus est là. Le droit de retrait n'est pas justifié, on continue à faire rouler ».
Affairé à nettoyer le combiné de sa cabine avec une lingette imbibée d'alcool au format d'un rince-doigt, son collègue — le chauffeur du bus qui reprend son tour — donne de la voix sur un autre ton, davantage concerné : « il y a une bonne ambiance parmi les agents oui, mais on a de l'appréhension à aller au travail. Ils auraient pu arrêter les bus, ce sont des nids à microbes ».
La CGT RATP a, dès dimanche, interrogé la direction de la Régie sur les moyens mis en œuvre pour la protection des salariés, dans le cadre de la continuité des services. Elle rappelle, au passage, que les personnels mobilisés dans le cadre de la continuité des services publics, malgré le danger évident, sont ceux dont l'exécutif a attaqué les régimes spéciaux des retraites depuis quelques mois maintenant.
https://nvo.fr/filsocial/chroniques-du-coronavirus-agir-syndicalement-en-confinement/