Rencontre avec l'activiste climatique Camille Etienne
Militante écologiste, Camille Etienne a fait le choix de la désobéissance civile pour mener des campagnes d’alerte contre les grands projets climaticides. Dans son livre,... Lire la suite
Si le réchauffement « continue de croître au rythme actuel », sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, il « devrait atteindre 1,5 °C entre 2030 et 2052 », souligne le rapport publié lundi en Corée du Sud, après avoir été approuvé par les représentants des gouvernements au terme d'une semaine de session avec les scientifiques.
À +1,5 °C ou à +2 °C, le monde ne sera pas le même, prévient le Giec, décrivant des risques accrus pour les espèces comme pour les économies. Voici les grandes conclusions de son « rapport spécial », approuvé samedi par les gouvernements et publié lundi.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à l'homme ont déjà fait grimper la température mondiale de 1 °C depuis la révolution industrielle. « Il est probable » que le réchauffement atteigne 1,5 °C entre 2030 et 2052 s'il garde son rythme actuel. « Beaucoup de régions » connaissent un réchauffement plus accéléré encore, comme l'Arctique (deux ou trois fois plus fort qu'ailleurs). Le dernier demi-degré engrangé est déjà associé à une recrudescence de phénomènes météorologiques extrêmes. Les émissions passées et présentes continueront à faire monter les océans, quoi qu'il arrive.
Une augmentation de la température de 2 °C signifierait des vagues de chaleur dans la plupart des régions. Les jours chauds vont croître à peu près partout, en particulier dans les tropiques — zone sensible car encore épargnée par les variations. Les précipitations liées aux cyclones gagneront en intensité. Le niveau des mers, si l'on s'en tient à + 1,5 °C, aura gagné 26 à 77 cm d'ici à 2100, selon les projections. À + 2 °C ce serait 10 cm de plus. Dans les deux cas, des millions d'individus seront contraints à l'exil climatique.
À long terme, l'instabilité de la calotte antarctique et/ou la perte de celle du Groenland pourraient être déclenchées vers + 1,5/2 °C, faisant grimper les mers de plusieurs mètres sur les siècles ou millénaires à venir.
1,5 limiterait l'acidification de l'Océan (liée aux concentrations accrues de CO2), qui menace la survie d'espèces, poissons, algues, etc., et avec elle les services rendus à l'homme (pêche, pharmacopée…).
Pour rester à 1,5 °C, il faut faire décliner les émissions de CO2 bien avant 2030 et fortement (– 45 % d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010), pour ensuite arriver, vers 2050, à une « neutralité carbone » : c'est-à-dire cesser de mettre dans l'atmosphère plus de CO2 que l'on ne peut en retirer.
« Neutralité » implique de ne plus garder que les émissions « résiduelles », pour les secteurs ne pouvant s’en passer (aviation par exemple). Ce surplus de CO2 devra être pompé (ce sont des « émissions négatives »).
Quant à la possibilité de dépasser le seuil de + 1,5, pour faire redescendre le mercure plus tard au cours du siècle, le Giec en souligne les risques – certains irréversibles, comme la perte d’espèces – et les incertitudes sur l’efficacité de l’extraction du CO2 à grande échelle.
Ce recul massif d’émissions nécessaire exigera « une transition rapide et de grande portée en matière d’énergies, d’usage des sols, de transports, bâtiment et systèmes industriels », un mouvement « sans précédent » car impliquant tous ces secteurs à la fois.
Les énergies renouvelables devraient passer de 20 à 70 % de la production électrique au milieu du siècle, la part du charbon serait réduite à poussière, la demande d’énergie devra baisser, l’efficacité énergétique croître…
L’industrie devra réduire ses émissions de CO2 de 75-90 % d’ici à 2050 par rapport à 2010 (comparé à 50-80 % pour 2 °C), les transports passer aux énergies bas carbone (35-65 % en 2050 contre moins de 5 % en 2020).
Selon le rapport, quelque 2 400 milliards de dollars d’investissement annuel seront nécessaires entre 2016 et 2035 pour la transformation des systèmes énergétiques, soit 2,5 % du PIB mondial. Un coût qu’il faut mettre en regard avec le coût, bien plus élevé, de l’inaction, soulignent les scientifiques.
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