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DIALOGUE SOCIAL

Consulter n’est pas négocier

13 octobre 2017 | Mise à jour le 16 octobre 2017
Par | Photo(s) : Ludovic Marin / AFP
Consulter n’est pas négocier

La presse attend les leaders syndicaux et patronaux reçus en tête à tête par Emmanuel Macron pour lancer les réformes de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’assurance-chômage. Paris, le 12 octobre 2017

Syndicats de salariés et patronat vont entamer du 17 au 19 octobre, avec Édouard Philippe, la consultation sur la nouvelle réforme de l'assurance-chômage, de la formation professionnelle et de l'apprentissage. C'est là le premier round d'une série de rendez-vous à Matignon après celui organisé ce jeudi et ce vendredi par Emmanuel Macron à l'Élysée.

L'exécutif reprend ainsi la même méthode que pour les ordonnances sur le Code du travail : le président ouvre le bal de la concertation, avant de passer le relais à Matignon et à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, pour une série de réunions bilatérales. « Objectif : inventer de nouvelles protections », a tweeté Emmanuel Macron à la mi-journée. Mais comme lors des rencontres précédentes avec les leaders confédéraux, le chef de l'État n'a rien annoncé de tangible et l'exercice des deux jours ressemble plus à une opération de communication qu'à l'ouverture d'un chantier de dialogue social.

Rien n'a filtré des intentions de l'exécutif

Au cours des premières rencontres, avec Jean-Claude Mailly pour FO, puis Philippe Martinez pour la CGT et François Hommeril pour la CFE-CGC, rien de nouveau n'a filtré sur le contenu des réformes. « L'architecture n'est pas encore définie, cela va faire l'objet des discussions dans les semaines à venir », selon le secrétaire général de FO. « Sur la formation professionnelle, je lui ai demandé une négociation », a déclaré Jean-Claude Mailly, en sortant de sa rencontre à l'Élysée. « Le gouvernement va devoir nous écrire un document d'orientation et demander aux interlocuteurs sociaux s'ils souhaitent négocier sur la formation professionnelle. Je lui ai dit que oui, nous, on souhaitait qu'il y ait une négociation syndicats-patronat sur la formation professionnelle », a-t-il insisté.

Difficile donc de ne pas voir dans ces rendez-vous la réouverture du bal des réformes, avec une partition écrite d'avance. « L'épisode précédent ne nous a pas satisfait, tant sur le fond que sur la forme », a insisté Philippe Martinez qui a demandé des rencontres « multilatérales » pour les réformes à venir. « J'ai rappelé au président de la République que se voir c'est bien, discuter ça sert toujours, mais que nous n'avons pas des têtes d'alibi », a-t-il ajouté. « Si c'est une négociation, cela veut dire qu'on a un texte, qu'on discute d'un texte […] que notre texte va être versé à la négociation », a-t-il dit. « Si c'est juste pour nous voir une heure sept fois dans le mois d'octobre-novembre et qu'à la fin le texte soit celui du gouvernement et qu'on le découvre deux heures avant les journalistes, nous ne sommes pas d'accord », a-t-il poursuivi. « Il faut un texte, il faut des multilatérales », a-t-il insisté.

Se voir c'est bien, discuter ça sert toujours, mais nous n'avons pas des têtes d'alibiPhilippe Martinez

Philippe Martinez a profité de cet entretien pour évoquer les dossiers industriels comme GM&S ou General Electric. « Je lui ai dit que la réponse pour les salariés de GM&S, ça ne peut pas être d'aller travailler à deux heures de chez eux sur une activité qui n'avait rien à voir avec la leur, mais qu'il fallait des réponses concrètes. » Philippe Martinez faisait allusion à la fine plaisanterie du président de la République la semaine dernière lors de sa visite en Corrèze sur ceux qui « foutent le bordel ». En ce qui concerne la réforme de l'assurance chômage, le secrétaire général de la CGT a indiqué qu'il n'était « pas question de réduire les droits des privés d'emplois ». Ce dossier de l'assurance chômage est potentiellement risqué.

Emmanuel Macron a en effet promis d'étendre le système aux indépendants et aux démissionnaires, mais les syndicats redoutent, avec quelques raisons, une baisse des allocations. Par ailleurs, les questions du financement et la gouvernance du régime d'assurance chômage risquent d'être conflictuelles. Le régime ne serait plus uniquement financé par les cotisations, mais également par l'impôt (CSG), et il passerait d'une gestion paritaire par les partenaires sociaux à une gestion tripartite avec un pilotage de l'État. Calquer et reproduire la méthode grâce à laquelle il a imposé la casse du Code du travail n'est donc pas pour autant une garantie de réussite pour l'exécutif car, en l'occurrence, l'État entend s'immiscer dans des dossiers jusqu'ici gérés par les syndicats et le patronat, qui ne se laisseront pas nécessairement dépouiller de leurs prérogatives.