Contre la réforme de l’Éducation nationale
« Non à la suppression de postes dans les collèges et les lycées », « Non aux réformes Blanquer qui s'attaquent à l'école et à ses personnels » « Contre la réforme Blanquer de la voie professionnelle ». C'est sous ces mots d'ordre que plusieurs syndicats, dont la CGT, appellent à la grève le 12 novembre dans l'Éducation nationale. Professeur de mathématiques en lycée professionnel et membre du bureau de la Ferc CGT (Fédération de la recherche, l'éducation et la culture CGT), Matthieu Brabant sera mobilisé à Montpellier. Entretien.
NVO : Comment s'est construite cette mobilisation ?
Matthieu Brabant : Il y a un environ un mois, la FSU, l'Unsa-Éducation et le Sgen-CFDT ont décidé d'une mobilisation le 12 novembre pour protester contre les suppressions de 2 600 postes dans les collèges et lycées prévues par les réformes Blanquer, mais leur revendication ne portait que sur les moyens supprimés dans l'Éducation nationale. Or, pour la CGT, Sud et FO, cette question est une conséquence des réformes.
Du coup, vous avez également lancé un appel à la mobilisation ?
Oui. La Ferc CGT, FO et Sud Éducation se sont réunis pour appeler à la grève contre les réformes et donc les suppressions de moyens. En outre, un très large éventail de syndicats – CGT Éduc’action, FSU, SNALC, Sud, SNCL, SIES et CNT – appelle à la grève pour s'opposer à la réforme Blanquer de la voie professionnelle. Malgré une certaine dispersion syndicale, il faut retenir l'existence d'une journée de grève qui couvre tout le champ syndical.
Que dénoncez-vous de la réforme Blanquer dans l'enseignement professionnel ?
Cette réforme des lycées professionnels va supprimer 2 500 emplois dans toute la France sur 3 ans et sur 25 000 personnels au total. Le ministre l'a dit, il considère qu'il y a trop d'heures d'enseignement dans les lycées professionnels pour peu d'efficacité, c'est-à-dire trop de dépenses pour l'acquisition de compétences permettant d'entrer sur le marché du travail. On n'a plus besoin de former des citoyens, mais de combler les trous du marché du travail.
L'autre versant de l'affaire est la question du recrutement et de la formation des enseignants. Il est question de supprimer les ESPE (établissements supérieurs du professorat et de l'éducation) qui forment actuellement les enseignants. Considérant que leurs enseignements sont trop proches de l'enseignement supérieur, Blanquer prévoirait qu'elle se déroule presque strictement sur le terrain. Or, il faut tout de même à ces personnels un bagage universitaire solide et pas seulement sur la matière qu'ils vont enseigner, mais aussi sur la pédagogie.
Comment analysez-vous cela ?
Derrière la réforme du recrutement et de la formation des enseignants, il y a CAP 2022, la réforme de la fonction publique et du statut de la fonction publique, qui prévoit d'embaucher de plus en plus de contractuels au détriment des titulaires.
Et sur les contenus ?
Les réformes continuent ! Le nombre de cours de maths, par exemple, va être réduit de moitié au profit de cours dits de « co-intervention », c'est-à-dire impartis avec un professeur d'enseignement professionnel. La co-intervention est intéressante sur le plan pédagogique, mais concrètement les élèves vont perdre la moitié des heures de maths de base au profit des mathématiques appliquées. L'enseignement des matières générales recule au profit de la professionnalisation. Globalement, sur un cursus de bac pro en trois ans, la réforme Blanquer prévoit la suppression d'environ 200 heures d'enseignement dont la majorité relève de l'enseignement général.
Après les mobilisations des 27 septembre et du 9 octobre, le 12 novembre sera la troisième mobilisation dans les lycées professionnels depuis la rentrée. Nous espérons construire un vrai rapport de force contre ces reculs.