Contrepoint à «L’Étranger»
«Mon frère s'appelait Moussa. Il avait un nom. Mais il restera l'Arabe, et pour toujours.» Dans Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud, journaliste au Quotidien d'Oran, signe un brillant récit, qui vient d'être couronné par le Goncourt du premier roman 2015. Revenant sur L'Étranger d'Albert Camus, il livre le récit d'Haroun, frère de l'Arabe, tué par Meursault.
Une idée lumineuse qui donne vie à des personnages de fiction, où le héros principal se confond avec le célèbre écrivain. «Dès le début, on comprenait tout: lui, il avait un nom d'homme, mon frère, celui d'un accident.» En donnant une identité, une histoire et une famille à la victime de L'Étranger – une mère empêtrée dans son deuil, un frère, condamné à être l'ombre du défunt –, l'auteur évoque tour à tour la colonisation, la guerre de libération comme l'Algérie contemporaine. Et, finalement, interpelle de bout en bout la question de l'identité.
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En savoir +
Meursault, contre-enquête,
de Kamel Daoud.
Éditions Actes Sud,
153 p., 19 euros.
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À noter
Adaptation du roman,
Mersaults, mise en scène par Philippe Berling,
sera donnée au théâtre Benoît-XII d'Avignon,
du 21 au 25 juillet, à 15 heures