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Monde

Corée du Sud : Les salariées de Chanel en grève illimitée dès le 17 décembre

15 décembre 2021 | Mise à jour le 15 décembre 2021
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Salaires, conditions de travail -voire harcèlement sexuel-, les salariées de Chanel en Corée du Sud en ont ras-le-bol. Elles menacent de se mettre en grève illimitée ce vendredi 17 décembre.
Alors que le produit phare de la marque, le fameux parfum n°5 apparu pour la première fois en 1921, fête ses 100 ans, les salariées (majoritairement de femmes) des boutiques sud-coréennes de l'enseigne de luxe ne sont manifestement pas conviées à la fête. Pis, après plusieurs semaines d'actions « limitées », comme le refus du port de l'uniforme, des banderoles devant les boutiques, elles menacent désormais d'entrer en grève illimitée ce vendredi 17 décembre « si leurs employeurs s'entêtent dans leur refus de dialoguer avec leur syndicat », avertit Mikyung Ryu, la responsable internationale de la Confédération coréenne des syndicats, l'une des plus importantes organisations locales, à laquelle sont rattachées ces employées.

Des salaires amputés par la pandémie

Car les griefs sont nombreux. Au premier rang desquels la question des salaires, notamment le fait que les jours fériés travaillés, quasi obligatoires lorsque l'on travaille dans un duty-free ou un centre commercial d'importance par exemple, restent payés au tarif « normal », sans aucune majoration donc. Surtout, la façon dont ce salaire lui-même est déterminé. « Elles reçoivent un minimum en salaire fixe et le reste est calculé en fonction de leurs ventes », précise la responsable confédérale. « Mais avec la pandémie liée à la Covid-19 et les encouragements gouvernementaux à recourir aux achats sur Internet, si les clients continuent de venir en boutique pour voir les produits, demander des explications sur leur utilisation ou leur fonctionnement, ils achètent en ligne ! Et les employées travaillent mais ne touchent plus d'incitation à la vente. Il faut leur garantir un salaire stable. » Ce dont ne veut pas entendre la direction de Chanel Korea dont les bénéfices se sont pourtant envolés de 40 % en 2020.

Violences et harcèlement sexuels

Ajoutez à cela des cas de violences et/ou de harcèlement sexuels qui restent sans réponse et l'on comprendra le ras-le-bol quasi général parmi les quelques 500 salariées de la centaine de boutiques du groupe dans ce pays.
Une lutte dans laquelle elles se sont cependant trouvées des alliés. « Chanel est très connue ici et véhicule une image de luxe », explique Mikyung. « C'est aussi une entreprise française perçue, à tort ou a raison, comme très respectueuse des droits sociaux. Du coup, cette mobilisation reçoit beaucoup d'attention de la part des médias. »
« Il semble que la loi sur le devoir de vigilance [laquelle oblige les sociétés mères à « prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales », NDLR] soit appliquée de façon très très succincte par Chanel », ironise de son côté Sylvain Goldstein, conseiller confédéral chargé des relations avec les organisations syndicales d'Asie et de la zone Pacifique pour la CGT, qui rappelle que, en Corée du Sud, « les conditions de travail, le climat social sont très durs».
« Les relations avec les syndicats ne sont pas très bonnes, que ce soit au sein des entreprises sud-coréennes ou étrangères », confirme Mikyung Ryu, pour qui la solution peut, doit passer par une « coopération avec les syndicats français de la maison mère pour qu'il poussent la direction générale à résoudre ces questions ». Message passé.