À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SANTÉ

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, un hôpital de proximité en état d’urgence

24 avril 2024 | Mise à jour le 24 avril 2024
Par

 Fermées la nuit, les urgences de l'hôpital de Manosque font les frais d'une politique de santé dégradée et d'un manque alarmant de personnel. Citoyens, personnels, syndicats et associations se mobilisent pour leur réouverture.

La nouvelle est tombée le 23 avril : les urgences du centre hospitalier Louis-Raffalli, de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, vont rouvrir les nuits du 26, 27 et 28 avril. Elles étaient fermées depuis le 10 janvier, faute de places et de remplaçants. Une réouverture temporaire liée à l'arrivée d'un remplaçant pour trois jours… Pour autant, Jean-François Pellarey, membre du collectif Convergences Urgences Santé Sud 04 (CUS), reste en colère : « Depuis deux ans, 70 % des nuits et 25 % des jours ont été fermés sur le territoire. Sachant que 12 000 familles dans le département n’ont pas de médecin traitant. C’est un véritable scandale ! » A ce jour, les urgences de Manosque, qui couvrent un bassin de 120 000 habitants, fonctionnent avec sept médecins au lieu de seize pour 35 à 40 000 passages par an. Constamment sollicités, les sapeurs-pompiers n’ont d’autre choix que d’acheminer les patients à 100 kilomètres de là, à Pertuis, Aix-en-Provence ou Marseille, déjà sous très haute tension. Qui plus est, cela entraîne « un surcoût de 15 % au département », précise Nadège Bonanno élue CGT au comité social et économique du centre hospitalier. A l'agonie, les urgences de Manosque doivent faire aussi avec deux futurs départs à la retraite et avec l'installation, à côté, d'un centre privé de soins non programmés… où il arrive que des urgentistes fassent des vacations pour arrondir leurs fins de mois. Au-delà des urgences, ce sont tous les services de Louis-Raffalli qui sont impactés par la situation financière : en 2023, les comptes se sont soldés sur un déficit de 9 millions d’euros (pour un budget global de 80 millions, environ), ayant entraîné la suppression de trente-deux postes, la fermeture de deux blocs de chirurgie, ainsi que la suppression de six lits.

Une politique à trois dimensions

A l’appel de l'intersyndicale CGT- FO-Solidaires-FSU et de CUS 04, citoyens, élus locaux et personnels se sont rassemblés le 18 avril sur le parvis de l'hôpital pour dénoncer la désertification de l’offre de soins de santé et exiger « un hôpital digne de ce nom, des services ouverts 24h/24 et 7j/7, un accès aux soins à moins de trente minutes du domicile, l’arrêt du tri des patients ainsi que des fermetures de services, et les effectifs nécessaires pour éviter la surcharge de travail ». Coordinateur régional CGT Santé, Cédric Volait met l’accent sur un projet de loi de financement de la sécurité sociale « très insuffisant » et « la création d’un déficit artificiel pour justifier les restructurations dans les hôpitaux avec la fermeture de 100 000 lits ces vingt dernières années, dont 27 000 sous le seul gouvernement Macron ». Il évoque trois dimensions : « Une politique de destruction par la fermeture massive des services d’urgences qui sont à la fois la porte d’entrée et le miroir grossissant de l’hôpital. Une politique de division à travers l'idée de rémunération au mérite et une culpabilisation de l’usager. Une politique de répression pour tenter de museler toute mobilisation et en radiant ou en menaçant les médecins qui s’expriment ». Ce vendredi 26 avril, le directeur départemental de l'agence régionale de santé doit présenter la feuille de route du nouveau projet régional de santé pour les cinq années à venir. Les représentants syndicaux ont demandé la tenue d'une table ronde avec le ministère de la Santé. Avec l'espoir que, comme à Sisteron (04), après quatorze mois de lutte et des dizaines rassemblements, les urgences finissent par rouvrir.