Arkema : Le lock-out patronal, déjoué par la CGT
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Matois, l'exécutif assure depuis l'annonce de la réforme — potentiellement explosive — qu'il s'agit seulement de mettre plus d'« équité » dans le système actuel jugé illisible : les règles des pensions de réversion ne changeront pas, l'âge légal de départ à la retraite non plus, etc. Tout juste s'agirait-il d'échafauder un système de retraite « universel où chaque euro cotisé donne les mêmes droits », que l'on soit « fonctionnaire, salarié, indépendant ».
Présentée ainsi, la réforme a la faveur des Français, mais ils restent méfiants. Ils sont convaincus qu'elle fera baisser progressivement leurs pensions. Le gouvernement dément alors que, discrètement, il a déjà posé l'une des pierres angulaires de son futur édifice : des mesures structurantes en faveur de l'épargne retraite par capitalisation ont été glissées dans la loi sur la croissance des entreprises (Pacte) validée le 16 mars dernier en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale.
L'autre certitude, c'est que le président de la République, instigateur de la réforme, voulait un changement de paradigme. La question est tranchée : ce sera un système de retraite par points. Il faudra donc définir le prix du point via des négociations. In fine, du point de vue du salarié, le système par points est totalement opaque. C'est vrai sur la gestion de la valeur d'achat du point comme sur les critères qui définissent sa valeur de service (niveau de pension). Il s'avère donc très pratique pour faire baisser les pensions plus rapidement que ne l'ont fait toutes les réformes depuis 1993, et ce, de façon beaucoup plus masquée. La preuve : en 2016, l'accord Agirc-Arrco a acté l'indexation de la valeur de service du point en dessous de l'inflation alors que son prix d'achat continue d'augmenter. Mais qui est réellement au courant ? Quant aux fonctionnaires et aux régimes spéciaux, ils n'auront plus la garantie du taux de liquidation de 75 %.
Le système par points calcule la retraite sur l'ensemble de la carrière alors qu'actuellement c'est sur les vingt-cinq meilleures années dans le privé et sur les six derniers mois dans le public. Les personnes qui n'ont pas souscrit à la retraite par capitalisation — qu'en toute logique la réforme prévoira — seront donc incitées à travailler au-delà de l'âge légal pour gagner des points et améliorer leur pension.
Certes, la seule promesse faite par M. Delevoye qui tienne est que chacun restera entièrement libre de partir ou pas à 62 ans. Une promesse de Gascon. Non seulement l'entrée sur le marché du travail est de plus en plus tardive et chaotique mais, surtout, tout le monde ne pourra pas le faire dans les mêmes conditions. Les premiers exposés risquent en effet d'être les personnes qui perçoivent des bas salaires, ont des carrières hachées, sont précaires ou encore exercent des métiers pénibles.
La réforme des retraites prévue ne s'annonce pas du tout « équitable », sauf à prévoir des mécanismes de compensation, de redistribution et de solidarité. On en est loin.
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