10 octobre 2018 | Mise à jour le 22 octobre 2018
Dans un entretien publié dans le numéro d’octobre 2018 de la NVO, la secrétaire générale de l'Ugict, l'organisation spécifique des ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise de la CGT, Marie-Jo Kotlicki, revient sur la posture désinvolte du patronat qui fait traîner en longueur la négociation et annule des réunions bilatérales avec les syndicats du jour au lendemain.
Pourquoi le patronat traîne-t-il tant les pieds dans cette négociation ?
D'abord parce que la promesse d'ouvrir cette négociation a été un artifice destiné à arracher la signature de certaines organisations syndicales pour l'accord sur la fusion Arrco-Agirc. On s'est vite rendu compte que ça n'intéressait pas du tout le Medef, qui n'a fourni aucun travail. Il a fini par nous rendre sa copie lors des deux séances de négociations que nous avons laborieusement arrachées. Il a osé nous présenter un texte d'une page et demie censé, en trois articles, remplacer l'accord national interprofessionnel définissant l'encadrement qui tenait sur 20 pages. Ce texte bâclé est d'abord marqué par un refus d'une définition nationale de l'encadrement. Ensuite, en cas d'échec de la négociation nationale, il renvoyait vers les branches professionnelles, voire vers les entreprises, pour définir qui est cadre et qui ne l'est pas. Enfin, il renvoyait aux entreprises le soin de déterminer qui bénéficie de la prévoyance destinée aux cadres. Le Medef veut accroître la pression sur le travail qualifié. On constate la montée en gamme dans les qualifications, les niveaux de diplômes, dont évidemment on ne va pas se plaindre. Mais le Medef entend ne pas les reconnaître pour ne surtout pas les payer. Il a donc besoin de casser tous les repères et les droits collectifs qui imposent la reconnaissance des qualifications, des diplômes.
On touche là à un enjeu pour l'ensemble des salariés. Car si on ne reconnaît plus les diplômes et les qualifications,
on tire vers le bas l'ensemble des grilles de salaires.
Les syndicats font-ils front commun ?
Oui. Le refus de ce texte a été unanime et nous nous sommes mis d'accord sur des points durs, comme une définition nationale interprofessionnelle et des garanties associées pour que les cadres puissent exercer leur activité quotidienne. Nous sommes aussi déterminés à ce qu'on ne touche pas à la prévoyance, qui est financée par une cotisation exclusivement patronale.