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Dernier chapitre

2 septembre 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
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Dernier chapitre

On ouvre « Les bottes suédoises », ultime roman de Henning Mankell, avec des sentiments mêlés. Un pincement au cœur – l'auteur est mort fin 2015 – et le plaisir de découvrir la suite des « Chaussures italiennes ».

Henning Mankell se savait condamné. Il l'exprimait très clairement, sans pathos, dans le bouleversant Sable mouvant : Fragments de ma vie, paru en 2015 (NVO décembre 2015, p.46). Mais il a néanmoins trouvé l'énergie de donner une suite à son formidable roman Les chaussures italiennes, sans doute ce qu'il écrivit de plus fort en dehors de la série des Wallander.

On retrouve ici Fredrik Welin, ancien chirurgien qui a tout quitté après une erreur médicale et vit en ermite sur un îlot de la Baltique. Lorsque sa maison brûle subitement une nuit, Fredrik n'a que le temps de sauver sa peau.

 

Difficile d'envisager de tout recommencer à soixante-dix ans et dans une solitude qui n'est brisée que par ses rapports épisodiques avec la petite communauté des îlots et du village côtier le plus proche. D'autant que les causes de l'incendie demeurent douteuses et qu'il va bientôt être suivi d'autres sinistres similaires dans l'archipel…

Aux prises avec la précarité soudaine de son existence, amplifiée par l'incendie qui le laisse temporairement démuni, le septuagénaire oscille entre inquiétude existentielle et pulsion de vie. Deux femmes, sa fille Louise, qu'il n'a connue que très tardivement, et Lisa, une journaliste de la presse locale, vont aider Fredrik à avancer, malgré les doutes et les regrets qui l'assaillent, alors qu'il enquête à sa manière sur les circonstances de ces mystérieux incendies.

 

Pour son dernier roman, ainsi qu'il l'avait fait dans Sable mouvant, Henning Mankell, sans cacher ses inquiétudes quand à l'avenir de l'humanité, semble nous dire, malgré tout, et au moment de la quitter, que rien ne vaut la vie. Il le fait avec la simplicité élégante et l'extrême acuité d'une écriture à la fois sobre et puissante qui sait aussi bien faire goûter au lecteur la plus infime beauté de l'existence que l'interpeller sur son absurdité.

 

 

 

 

Les bottes suédoises, de Henning Mankell, traduction d'Anna Gibson.

Éditions du Seuil. 355 pages, 21 euros.