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Plusieurs milliers de personnes, sous l'impulsion des intermittents du spectacle, ont manifesté vendredi 23 avril un peu partout en France pour demander le retrait de la réforme de l'assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet.
Ces manifestations étaient organisées par les syndicats CGT et Solidaires et des associations auxquels se sont joints des collectifs d'intermittents qui occupent des lieux culturels depuis plusieurs semaines.
De fait, les intermittents du spectacle, qui ne sont pas concernés directement par la réforme de l'assurance chômage, mais réclament une prolongation de leur année blanche et la réouverture immédiate des lieux culturels, constituaient le gros des cortèges. « Vivre de l'art est un art de vivre », « Festival : l'entubé de l'été », pouvait-on ainsi lire sur les pancartes à Paris où plusieurs milliers de personnes, souvent jeunes, ont marché dans une ambiance festive dans l'après-midi depuis la place d'Italie vers la place de la Bastille.
Habillés de vêtements noirs avec une croix blanche, les manifestants marseillais, environ 300, ont descendu la Canebière vers le Vieux-Port en faisant claquer les couvercles de caissons de matériel technique. Intermittent du spectacle à Martigues, Christophe Crispu s'inquiète : « On a eu une année blanche, mais on arrive à la fin et on ne sait pas si elle sera reconduite », explique le quinquagénaire, qui a travaillé un mois depuis un an.
Dans le viseur des manifestants, l'entrée en vigueur cet été du nouveau mode de calcul des allocations, qui sera moins favorable aux demandeurs d'emploi qui alternent régulièrement périodes de chômage et d'activité. Selon l'Unédic, 1,15 million de personnes qui ouvriront des droits à l'assurance-chômage dans l'année suivant le 1er juillet devraient ainsi toucher une allocation mensuelle plus faible qu'avec les règles actuelles (de 17 % en moyenne) avec dans le même temps une « durée théorique d'indemnisation » allongée (14 mois en moyenne contre 11 avant la réforme).
Robert Chassagnon, 42 ans, maître d'hôtel à Paris dans l'évènementiel, travaille en contrats courts pour plusieurs employeurs et craint de perdre « jusque 40 % de son allocation chômage » les mois où il ne travaille pas. « Parmi nos artistes, certains ont perdu leur statut d'intermittent et tombent, de fait, dans le système généraliste. Cette réforme va les rendre encore plus précaires », s'indigne Sandrine Le Metayer, 53 ans, metteuse en scène à Montpellier où plusieurs performances ont été données depuis le haut des marches du Centre chorégraphique national occupé.
Pour Timo Metzemakers, contrebassiste et représentant CGT spectacle à Bordeaux, « le message envoyé par cette réforme extrêmement injuste, c'est “vous ne valez rien”.
« Convergence des luttes »
À Nantes, le cortège de 1 500 manifestants s'était réuni au théâtre Graslin, actuellement occupé, en arborant des pancartes comme « Trop long l'entracte », ou encore « réouverture immédiate des lieux culturels ». À Lyon, 600 manifestants ont marché du TNP de Villeurbanne à l'Opéra de Lyon, deux lieux occupés respectivement par des intermittents et des étudiants issus des filières artistiques depuis la mi-mars. Ils étaient 200 à Saint-Étienne avec des intermittents organisant un clapping et scandant « Nous sommes tous essentiels » sur l'air de « We Will Rock You ».
À Lille, 500 personnes ont manifesté derrière une banderole « stop aux licenciements, délocalisations, et suppressions de postes ».
« Il est hors de question d'avoir une réforme qui va casser les droits avec tous les PSE en cours : Nocibé, les Flunch, les Auchan, les Carrefour », a dénoncé Jean-Paul Delescaut, secrétaire de la CGT dans le Nord.
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