Hôpital public : un démantèlement programmé ?
Samedi 14 septembre, à Nantes (Loire-Atlantique), près de 300 personnes se sont mobilisées pour dénoncer « le démantèlement du service public de santé ». Un appel... Lire la suite
Mise à jour le 4 juin : deux grévistes de la faim ont été évacués ce matin au CHU de Rouen par le Samu. Paris-Normandie indiquait qu'un millier de personnes se sont retrouvées dimanche dans les rues de Rouen pour soutenir les grévistes de l'hôpital.
En grève depuis la fin 22 mars, l'intersyndicale (CGT, CFDT, Sud) des salariés de l'hôpital du Rouvray en Seine-Maritime a franchi une nouvelle étape. Le 22 mai, sept syndicalistes se sont lancés dans une grève de la faim illimitée. Une action jamais anodine sur la santé des personnes qui s'infligent ces privations et qui en dit long sur la détermination du personnel hospitalier, qui ne veut plus subir la déshumanisation de sa profession.
Ensemble, les syndicats dénoncent le manque de moyens et de personnels pour accueillir dignement les malades. Parmi leurs revendications, ils exigent la suppression définitive « des lits supplémentaires ». C'est que sous cette appellation anodine que se cache en fait une réalité pas belle à voir : des placards ou des locaux inadaptés transformés en chambre sans accès aux sanitaires, par exemple. « L'hôpital psychiatrique du Rouvray a une capacité d'accueil de 600 lits normalement, mais on doit faire face chaque jour à 35 lits « supplémentaires ». » Des lits qui n'en ont que le nom et ne se trouvent pas dans une chambre comme ils devraient l'être. « Normalement, 35 personnes de plus, c'est une unité à ouvrir à l'hôpital avec le personnel qui va avec. Or, avec ces lits dits supplémentaires, la direction de l'hôpital entasse les patients sans réclamer ni des moyens décents pour les patients ni les effectifs nécessaires pour les soignants », explique Bruno, ambulancier et syndicaliste CGT qui fait partie des sept grévistes de la faim.
L'intersyndicale pointe également les autres situations à risque générées par une approche purement comptable de la santé : la nécessité de renforcer les effectifs au risque de ne plus pouvoir soigner humainement, l'arrêt des fermetures des structures extrahospitalières de proximité qui permettent d'éviter l'hospitalisation à certains patients ; des places supplémentaires dans les unités spécialisées pour les mineurs afin d'éviter leur hospitalisation en unités « adultes » et des chambres à deux voire trois autres patients.
« Ici, en plus des cas pathologiques réels, on fait pas mal de médicosocial puisqu'on récupère tous les gens qui sont maltraités par le système économique capitaliste : les gens qui se retrouvent au chômage et perdent les pédales », relate encore Bruno. Sur le blog du site Médiapart, le docteur Fethi Brétel témoigne de la justesse des revendications des grévistes. « Comme eux (…), j'ai subi la transformation de l'hôpital public en hôpital entreprise, désormais aux mains de gestionnaires, soumis aux exigences d'austérité budgétaire imposées par le gouvernement via l'ARS », note cet ancien psychiatre praticien à l'hôpital de Rouvray.
Face à cette situation, l'Agence régionale de Santé (ARS) de Normandie, l'administration de tutelle, tout comme la ministre de la Santé sont, pour le moment, restées sourdes aux revendications portées par les syndicalistes. Ceux-ci « épuisés, mais toujours déterminés » et soutenus par une majorité de salariés entendent durcir le mouvement. Un ultimatum a été donné à la direction. L'affaire de Rouvray est à suivre…
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