3 mai 2019 | Mise à jour le 3 mai 2019
Intimidations et menaces de licenciements pour les syndiqués, exclusion des sous-traitants des élections pour le CSE, erreurs dans les chiffres, la direction de ce quatre étoiles parisien ne sait plus quoi faire pour se débarrasser de la CGT-HPE. Vous avez dit discrimination ?
La présence de syndiqués de la CGT-Hôtels de prestige et économiques (HPE), rejoints pour l'occasion par des militants du Commerce et des services, devant l'hôtel Concorde Montparnasse de Paris dès 7 heures du matin ce vendredi 3 mai a-t-elle fait revenir la direction sur sa décision ? Ce n'est pas impossible. Car quand Mamadou Sissokho arrive en cette heure si matinale sur son lieu de travail, c'est parce qu'il est convoqué à un entretien préalable à licenciement. Lorsqu'il ressort une heure plus tard, la menace s'est transformée en « rappel à l'ordre ». Quant au motif avancé, il se résume désormais à un « problème d'eau chaude pour lequel je n'aurais pas prévenu à temps », précise le manager de nuit.
Mamadou Sissokho candidat CGT aux élections professionnelles à l’hôtel Concorde Montparnasse, menacé de licenciement.
Un peu maigre effectivement comme argument pour licencier quelqu'un. Tout comme celui de « manque de respect » invoqué dans le courrier que vient de recevoir un de ses collègues, Amadou Guiro, accusé d'avoir laissé de la vaisselle, alors qu'il n'était pas de service.
Incompréhensible ? Pas tout à fait. Car tous deux sont inscrits à la CGT-HPE et ont déposé une liste CGT pour les prochaines élections qui se tiendront en juin dans cet hôtel de luxe. Un droit garanti par la Constitution mais qui semble peu apprécié de la direction du quatre étoiles.
« Notre section était quasi exclusivement composée de salariés de la sous-traitance, explique Tiziri Kandi, animatrice CGT-HPE. Avec les ordonnances Macron, ces salariés sont passés dans les syndicats du nettoyage et la direction pensait s'être débarrassée de la CGT-HPE dans l'hôtel. Les “emm…” ont commencé quand Mamadou Sissokho, qui est salarié de l'établissement, a dit qu'il allait se présenter. »
Cette menace de licenciement, pour l'instant avortée, n'est en effet pas la seule attaque contre le syndicat. « La direction a décidé de proroger les mandats [de délégués du personnel, ndlr] qui se terminaient en avril jusqu'en juin sans convoquer la CGT, qui est majoritaire et représentait plus de 40 % de votes lors des dernières élections », continue Tiziri. « Or, pour qu'un accord de prorogation soit accepté, il faut qu'il le soit à l'unanimité et non pas à la majorité. »
Autre gros souci, « la STN [entreprise de nettoyage sous-traitante, ndlr] a présenté une attestation précisant que ses salariés avaient déjà voté dans leur entreprise en 2018, ce qui reviendrait à les priver de leur droit de vote au Concorde Montparnasse en juin au mépris de la jurisprudence selon laquelle les sous-traitants ont un “droit d'option” qui peut s'exercer au moment des élections dans l'entreprise donneuse d'ordre », relève la jeune femme. Sans oublier une légère anomalie comptable tant sur les effectifs qu'au niveau de la répartition des sièges par collège. En faveur des agents de maitrise et cadres…
Un mode de fonctionnement – de dysfonctionnement plutôt – que la CGT-HPE a décidé de porter, le 7 mai, devant l'inspection du travail.