Doublement Brac
Le jeune réalisateur y montrait déjà toutes les qualités qui vont faire la réussite et le succès de « Tonnerre ». Tout d'abord son atout majeur, Vincent Macaigne, son ami proche, dont, dans les trois films, il capte avec finesse toute la palette d'un jeu instinctif et réfléchi.
Avec l’acteur, Guillaume Brac (qui rappelait récemment à la sortie de « Tonnerre » combien lui importe de tourner avec une « famille » de cinéma) semble bien avoir trouvé un alter ego qui incarne avec beaucoup d'empathie, de justesse et de talent ce jeune Sylvain un peu empêtré de sa propre personne, peu sûr de lui jusqu’à la maladresse, et en grande demande d’être compris et aimé.
Les deux actrices de « Un monde sans femmes », Laure Calamy et Constance Rousseau, sont également excellentes dans leurs rôles d’une jeune mère et sa fille adolescente, toutes deux séduisantes et conquérantes, face à la gaucherie de Sylvain qui leur loue un studio de vacances et qui troublent profondément le jeune esseulé.
Les thèmes abordés ne sont pas tous légers : l'isolement, les désillusions et les éblouissements amoureux, la difficulté de rencontrer l'autre.
Mais le réalisateur interroge avec finesse le délicat équilibre des rapports entre hommes et femmes qui se joue de l’âge, des conventions et bouscule les rôles supposés.
Le personnage interprété par Vincent Macaigne est à la fois fasciné et terrorisé par un monde féminin dont il a bien du mal à comprendre les codes mais qui l’attire sans qu’il sache jamais quel comportement il doit adopter.
Avec le recul de la progression entre les trois films, l’acteur incarne dans les deux courts une sorte d’adolescence prolongée -malgré lui- et entre dans l’âge adulte avec le personnage de Maxime qui, dans « Tonnerre », fait aussi face à une jeune femme hésitante mais déterminée.
Ensuite, on note déjà l’enracinement dans un terroir – pour ces deux courts, à Ault, sur la côte picarde- où il est sensible que Guillaume Brac a pris le temps de tisser des liens d'affection avec des non-acteurs.
Ceux-ci apportent aux films un supplément d'authenticité et de fraîcheur et l'empathie du cinéaste avec ces « gens de peu » -selon la belle formule de Pierre Sansot- apparaît dans tous les plans filmés avec infiniment de respect et une tendresse parfois amusée. Une très subtile alchimie à l'œuvre , dont les bonus de ce coffret, regroupant les deux films courts, témoignent qu'il s'agit aussi du travail d'une troupe passionnée, soudée par une vraie amitié.